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Le néonisme

Le néonisme est un courant philosophique contemporain apparu à la fin des années 1970 dans le monde occidental, dont la propagation fulgurante et exponentielle trouve son apogée en ce début de XXIe siècle. Premier courant philosophique de masse, il rassemble au delà des religions, des classes sociales, de la politique, des arts, des races et des cultures, et s’impose par son omniprésence comme un style de vie spécifique. Répondant aux besoins créés par la société de consommation, il est fondé sur l’inculture.

Étymologie et origine
o    Le mot néon du grec νέος, « nouveau ». Il désigne un gaz rare, presque inerte et incolore, qui est utilisé dans les tubes à vide et les lampes dites néon. Cette lumière artificielle et publicitaire donne son nom au mouvement néoniste.
o    Le néonisme est le résultat des dérives du néocapitalisme à la recherche de nouveaux marchés et des productions de biens de consommation inutiles, qui renforcent ou relancent le néolibéralisme asphyxié par la crise et la délocalisation des moyens de production.

Définition
Le néonisme est un courant qui prône, défend et revendique une attitude de négation du savoir et de négation du vrai, pour ne s’orienter que vers l’apparence et le superflu. Son but ultime serait la réincarnation en néon. Basé sur la surconsommation, l’acquisition d’un maximum de biens qui n’ont ni légitimité ni finalité, cette philosophie est l’« antiphilosophie » par excellence et rejette toute recherche métaphysique pour se concentrer sur la pratique de l’acédie. La forme prime sur le fond. L’évolution de cette doctrine tend à annihiler tout « Connais-toi toi-même » au profit de la maxime « Pare-toi de l’inutile pour être reconnu ». La publicité, modèle absolu de la connaissance et de la reconnaissance de l’individu, y serait la représentation métaphorique du paradis biblique ; l’enfer serait alors la simplicité, la non-reconnaissance des signes extérieurs de richesse et la destruction des centres commerciaux.

Principes et moyens d’expansion
Le néonisme propose deux fondements pour accéder au bonheur :
o    Rendre indispensable ce dont nous n’avons pas besoin (phrase que nous pourrions attribuer à Steve Jobs).
o    Prendre pour vertus suprêmes le faste et le clinquant.
Les principaux moyens d’expansion au service de cette philosophie sont les médias (télévision, Internet, supports publicitaires, etc.), mais la globalisation inclut également les arts, l’économie et la politique. Nous allons même jusqu’à élire nos gouvernants suivant cette doctrine : l’élu est souvent le meilleur produit marketing. Les grands penseurs de cette philosophie ne sont plus des auteurs mais nos grandes multinationales, qui pénètrent les marchés sans distinction géographique, culturelle ou sociale et infiltrent les esprits grâce aux outils précités. Nous les en remercions d’ailleurs quotidiennement « parce que nous le valons bien ». Quelques exemples : L’Oréal, Elite, Publicis, Cosmopolitan, Harrods, Voici, Gala, Barcley’s, Macintosh/Apple, Unilever.

Quelques citations
-    « Comment peut-on reprocher à un président d’avoir une Rolex ? Tout le monde a une Rolex. Si à 50 ans on n’a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie ! » (Jacques Séguéla)
-    « Le nombre des publicités vantant les produits pour faire grossir les seins est plus important que le nombre des publicités invitant les dames à se cultiver. » (Jean Yanne)
-    « La publicité est un facteur économique précieux, puisque c’est la façon la moins chère de vendre des produits, surtout lorsqu’ils ne valent rien. » (Sinclair Lewis)
-    « La publicité, c’est la science de stopper l’intelligence humaine assez longtemps pour lui soutirer de l’argent. » (Stephen Leacock)

Critique
À l’apparition de ce mouvement, une poche de résistance non négligeable s’est manifestée par l’intermédiaire des intellectuels et penseurs du monde entier. Ils fondèrent le M.C.C.M.I. (Mouvement contre la connerie mondiale inutile), mais, dépourvus de moyens financiers et en proie à des divisions philosophiques internes, le mouvement s’est éteint prématurément au début du XXIe siècle. Certains, comme Bernard-Henri Lévy, avait déjà rejoint le côté obscur de la force dès les années 1980. L’immense majorité des philosophes contemporains soucieux de leur image et courant les plateaux de télévision furent atteints de néonisme aigu ; ils furent récupérés à leur tour par les médias et, se vautrant dans des débats nombrilistes, ils perdirent tout sens critique. Ils mangèrent eux aussi du fast-food (« I’m loving it »), burent du café Nespresso (« What else ? »), se vêtirent de marques (Le diable s’habille en Prada), firent leur jogging en Adidas (« Impossible is nothing ») ou en Nike (« Just do it ») et portèrent Obama au pinacle (« Yes, you can »). Même chez nous, des nains diaboliques furent élus au son de « travailler plus pour gagner plus » ou de « nettoyer la banlieue au Karcher ».
Philosophie sans valeur, sans repère, aliénante et créée pour museler tout sens critique, toute création non mercantile et tout questionnement intérieur, le néonisme dépossède l’individu de la maîtrise de ses forces propres au profit de puissances supérieures, l’apparence et l’argent. Essentielle au bon fonctionnement de notre économie de marché, elle s’impose à tous comme la nouvelle religion où l’apparence, la consommation et l’argent ont remplacé les dogmes. Perfide, elle est la cause et l’effet rendant possible la bonne santé de notre économie, tout en générant une population de moutons et de pigeons, où l’individualisme et le bien-être par la consommation ont remplacé l’espoir d’un monde meilleur pour tous.
La vraie critique n’est possible que grâce à des philosophes antérieurs au néonisme, qui n’ont pu être récupérés et dilués pas le néocapitalisme. De grands penseurs comme Nietzsche avait vu dans la décadence morale de la société occidentale moderne les prémices du néonisme : « Ce qui se paie n’a guère de valeur ; voilà la croyance que je cracherais au visage des esprits mercantiles » ; « Veux-tu avoir la vie facile ? Reste toujours près du troupeau et oublie-toi en lui. » Nous autres contemporains ne pouvons prétendre à la critique tant notre moi est infiltré par cette philosophie pernicieuse : « Rien de bon n’est jamais sorti des reflets de l’esprit se mirant en lui-même. Ce n’est que depuis que l’on s’efforce de se renseigner sur tous les phénomènes de l’esprit en prenant le corps pour fil conducteur que l’on commence à progresser. Ainsi parlait Zarathoustra. »

Bibliographie et filmographie (liste non exhaustive)
-    Gossip Girl, Von Ziegesar
-    Secret story, TF1
-    American Idol
-    Qui veut épouser mon fils ?, TF1
-    Paris manuel de survie, Jean-Laurent Cassely

Organisation et support

-    Principales assemblées constituantes :
o    Banque mondiale
o    F.M.I.
-    Bras armé :
o    Le MEDEF en France
o    Les syndicats patronaux dans le monde


Léa Méziani
 

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