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Aliénor d'Aquitaine à Byzance

 

 

Aliénor d'Aquitaine (miniature)

 

Aliénor était en route, cheveux au vent, aux côtés du roi Louis VII, son époux. Elle était la première reine à partir en croisade, et sur le bateau qui la transportait, elle se disait qu’elle allait voir autre chose, enfin, que Paris, Orléans, ou son Aquitaine natale. Elle n’avait que vingt-deux ans, et c’était la deuxième croisade. On était en 1147.

Soudain, Byzance apparut. La beauté de la ville valait bien tous les dangers que l’armée sainte avait bravés pour parvenir jusque-là !

Dès leur arrivée, on vint les accueillir pour les emmener au palais de Philopation, où ils devaient être logés. Manuel Comnène, l’empereur, insista pour recevoir lui-même Aliénor. Elle découvrit un homme à la peau légèrement basanée, portant moustache et barbe brune, et vêtu à l’orientale, d’habits aux couleurs chaudes – orange, rouge... Mais ce qui l’attira immédiatement, ce furent ses yeux – des yeux vert intense, qui captèrent aussitôt les siens. Les manières de l’empereur étaient empreintes de courtoisie et de respect, presque de galanterie, ce qui l’aurait fait rougir si son époux n’avait été si près d’elle.

Le couple royal alla s’installer dans ses appartements. Puis Louis VII prit congé de sa femme, la laissant à ses occupations : il avait un conseil de guerre à tenir – encore un !

Aliénor se sentait tellement lasse de l’attitude de son époux, toujours si terriblement pieux et distant — elle qui venait du sud et espérait tellement plus ! Pour se désennuyer, elle prit le parti d’aller explorer le palais. Et tout d’abord, l’orangerie.

Mais à peine y avait-elle fait un pas qu’elle entendit un bruit. Elle se retourna. C’était Manuel Comnène qui arrivait. Que faire ? Devait-elle le saluer ? Ou simplement prendre un autre chemin ? Mais déjà il s’avançait vers elle, un quartier d’orange fraîchement cueillie à la main. Il le lui tendit. Elle accepta et croqua dedans à pleine bouche. Il la regardait, un petit sourire au coin des lèvres. Puis il lui proposa de goûter à d’autres plaisirs d’orient : des pâtisseries, des fruits exotiques… , et de l’emmener voir et sentir les épices.

Elle avait du poivre plein le nez, des couleurs plein les yeux.

Aliénor devait ressembler à une petite fille qui découvre la vie, spontanée et rieuse, bien loin de l’attitude protocolaire de la reine qu’elle était. Et ce comportement n’avait pas l’air d’offusquer son hôte, bien au contraire : plutôt de l’amuser beaucoup. Tout cela était si dépaysant pour elle, si différent de la France, de la froideur et de la grisaille des murs de Paris, mais aussi des cours d’amour et des troubadours. Elle découvrait un autre monde, une nouvelle musique, de nouvelles odeurs, de nouveaux goûts. Et tout cela l’enivrait, tandis que les rayons du soleil se faisaient plus ardents, et que la brise, qui venait du côté de la mer, faisait danser les quelques mèches qui s’échappaient de sa coiffe.

Tout à coup, Louis VII fut là. D’un coup d’œil, il vit la scène : son épouse aux côtés de son hôte, dans un tel état de familiarité, et celui-ci qui semblait l’encourager, tantôt d’un sourire, tantôt d’une main posée sur son épaule ! Un tel rapprochement était inadmissible. Il avança à vive allure, prit Aliénor par le bras et l’entraîna vers ses appartements.

Le lendemain, ils étaient partis. Le moment, avait décrété Louis VII, était on ne peut plus favorable si on voulait attaquer l’ennemi par surprise. Et l’on s’était rembarqué. Aliénor était de nouveau à bord du bateau, qui voguait vers Saint Jean d’Acre, cette fois. Elle avait les yeux dans le vague, elle se souvenait. Quoi qu’il pût arriver, jamais elle n’oublierait l’ expérience orientale qu’elle venait de vivre — une expérience extraordinaire pour une femme de son époque.


Manuel 1er Comnène

 

 

Florence Vidal – L1 Humanités

 

 

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