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a.struve - Posted on 30 décembre 2012

 

 

Le 30 Novembre 1979, le célèbre groupe de rock progressif britannique Pink Floyd fait paraître son onzième album : The Wall. Il s’agit d’un double album qui, sans aucun doute, marque l'apogée du groupe, mais aussi d’une réalisation forte et complexe, qui, par la suite, va amener celui-ci à construire autour d’elle tout un univers : un vaste opéra rock, adapté pour le cinéma grâce à l'aide d’Alan Parker. Cette transposition cinématographique va prendre quatre années, et donner lieu, en 1982, à un film directement tiré du CD et intitulé, comme ce dernier, The Wall.

Il s’agit d’un film musical totalement dépourvu de dialogues, où tout n’est conté et exprimé qu’à travers les paroles des chansons du CD, qui morceau après morceau, racontent l’histoire et l’ évolution du personnage principal, une rock star nommée Pink. On y apprend que celui-ci est profondément tourmenté par sa situation. Et on le voit revenir sur les éléments de sa vie qui l'ont conduit à construire psychologiquement un mur entre lui et les autres, chaque élément étant « another brick in the wall », selon le titre phare de l'album. Ainsi, nous découvrons que l'absence de son père mort à la guerre pendant son enfance, la surprotection de sa mère, l'enseignement stérile de l'école, la cruauté des professeurs, l'infidélité de sa femme, l'hystérie de ses fans et le caractère malsain de sa vie de star sont autant d'éléments qui l'ont amené à construire « le mur » et à se couper psychologiquement du monde.

Visuellement, le film a cherché à donner une vie et des images à l’histoire racontée dans la musique de Pink Floyd. Plus particulièrement, Alan Parker a accordé une véritable existence au personnage de Pink, incarné par Bob Geldof, un acteur dont le jeu colle parfaitement à la personnalité complexe de l’artiste, et à l’intériorité exacerbée qui le caractérise.

 

 

Les images illustrent donc les musiques ainsi que leur contenu narratif. Néanmoins, il ne faut surtout pas considérer The Wall comme « une vulgaire suite de clips », comme l’ont fait certains critiques virulents. Cette œuvre cinématographique est bien plutôt à considérer comme un ensemble, et non comme une suite de morceaux collés les uns aux autres. Avec un peu d'attention, on constate d’ailleurs une progression tout au long du film  - une progression qui ne serait pas possible si The Wall n'était pas un tout.

Pour mettre en images l'album, Alan Parker a décidé avec le groupe d'alterner des scènes filmées avec des scènes d'animations, dessinées par Gerald Scarfe. Le résultat est saisissant et souligne le caractère particulièrement sombre de l’album aussi bien que du film. Certains vont adorer l’effet produit, d'autres, le détester, mais une chose est certaine : personne ne peut rester de marbre face à cette lente immersion musicale et visuelle dans l'univers dérangeant de la folie.

 

 

Par ailleurs, pour ceux désireux de mieux connaître le groupe Pink Floyd, il faut mentionner que l’album The Wall met à nu le cœur du leader, le célèbre bassiste Roger Waters, connu notamment pour ses rapports exécrables avec le public. Celui-ci a presque intégralement composé cet album, qui s'avère être en grande partie autobiographique. Comme le personnage de Pink, Roger Waters a eu un père mort à la guerre, une mère trop protectrice, et a rejeté l'enseignement scolaire tout comme la célébrité. Aussi bien, il est possible de dire que The Wall a permis à Roger Waters de dresser matériellement au cinéma et sur scène le mur qu'il a toujours voulu mettre entre lui et son public, mur qu'il continue encore de dresser ― seul ― aujourd'hui au moyen de tournées monstrueuses consacrées à cet album. Les autres membres du groupe ont d'ailleurs tenu à marquer un certain recul par rapport au projet de The Wall, le qualifiant de trop sombre. David Guilmour, guitariste du groupe est même allé jusqu'à dire : « Je ne me reconnais pas dans cet album. C'est celui de Roger, pas celui du groupe ».


 

 

Néanmoins, il faut préciser qu’en dépit de cette dimension autobiographique certaine, le destin de Pink qui se laisse sombrer dans la schizophrénie, la drogue et la folie n'est pas celui de Roger Waters : plutôt celui de Syd Barret, créateur du groupe qui l'a rapidement quitté, dépassé par les événements et qui, comme Pink, n’a pas su faire face à la réalité. On sait que Syd Barret a passé sa vie à se laisser détruire par la drogue et la folie, et a fini par en mourir en 2006, isolé dans sa maison depuis des années.

En conclusion, The Wall est une œuvre, qui, si on la comprend, ne peut laisser indifférent. C'est une histoire déchirante, où le spectateur se trouve obligé de sombrer en même temps que le personnage et de partager avec lui une douleur psychique sans bornes. Le film, plus particulièrement, est une création touchante, sincère et qui permet au spectateur de s’immiscer dans l'univers psychédélique que Pink Floyd a mis en place depuis des années. Une œuvre intemporelle et saisissante qui n'a pas vieilli le moins du monde et qui vous fera toujours autant vibrer à chaque fois que vous la reverrez.

Lucie Dumas – L1 Humanités

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