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janv.
14

Sylvain Tesson : Dans les forêts de Sibérie (2011)

 

 

En 2010, excédé par le consumérisme qui règne en maître dans les sociétés d'Europe occidentale et par le petit monde hypocrite des écrivains parisiens, Sylvain Tesson est parti vivre six mois seul en Sibérie,dans une cabane minuscule, sur les bords du lac Baïkal. De son séjour, il a rapporté un livre en forme de « journal de bord » : Dans les forêts de Sibérie, où se trouvent rassemblées les notes qu’il a prises jour après jour.

Extrêmement intéressant à plusieurs titres, ce livre rend compte tout d’abord d’une expérience de la solitude et de l'ennui qui permet la redécouverte de plaisirs très simples comme la lecture ou la contemplation de la nature. La proximité avec cette dernière, plus particulièrement, et des conditions de vie difficiles, rappellent certaine réalités que nous avons tendance à méconnaître, en tant que citadins. Ainsi, alors qu’il nous suffit d’appuyer sur un bouton quand nous voulons chauffer notre appartement, Sylvain Tesson, lui, a dû régulièrement  sortir par -25°C, tenir une hache entre ses mains engourdies par le froid et couper du bois pour le mettre dans un poêle.

Pendant son exil, Sylvain Tesson  a rencontré à de rares occasions quelques trappeurs russes qui ont eux aussi opté volontairement pour une vie en marge de la société. Ces rencontres sont absolument passionnantes car elles illustrent à la perfection les  différences de mentalité existant entre des hommes de culture différente. Et elles nous font découvrir cette façon si particulière de penser et de vivre des Slaves de Sibérie, tiraillés entre le sens du devoir et l'absence de contraintes de la vie qu'ils mène. « Ces gens-là sont fous » écrit Tesson. On peut le comprendre, quand on sait qu'il a vu le même homme pleurer pour la mort de son chien et dire, avec la plus totale indifférence, qu'il a perdu ses doigts à cause « d'un différend ».

Le seul reproche que l'on puisse lui faire est d'insister sur des détails qui n'ont que peu d'importance : par exemple, la marque et le calibre des cigares qu’il fume — il va jusqu’à les noter systématiquement, alors qu’il  n’évoque qu’à peine un ours en train de passer au loin.

Ce livre, bien que Sylvain Tesson ait tendance à se mettre un peu en scène, est une véritable enquête sur l'adaptation d'un Occidental à la Russie, d'un citadin à la Sibérie et d'un mondain à la solitude. À travers la plume de l’écrivain, on a aussi droit à de sublimes descriptions des forêts sibériennes.

 Edouard Delcourt – L1 Humanités


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