Ce film a inspiré "Welcome" avec Vincent Lindon !


quentin.revert - Posted on 20 juillet 2010

 

 

 

Le Clandestin 

 

 

(vous ne regarderez plus jamais votre chat de la même manière)
 
Je tiens à le préciser d’entrée : Le Clandestin n’a aucun rapport avec le reste des nanars que j’ai pu chroniquer. De prime abord, il s’agit d’un « vieux film ». En effet il date de 1988. De plus, il est sorti au cinéma, si je ne me trompe pas, sous différents noms suivant les pays (Uninvited en V.O.). Il s’agit d’un film d’horreur américain au budget ridicule. Les producteurs ne se sont pas trop cassées la tête puisqu’on a droit aux ingrédients basiques de ce genre de film. Un huis-clos, des personnages stéréotypés et un monstre. En l’occurrence un « chat venimeux ». Non, ne riez pas encore, le meilleur est à venir.
 
Le film commence dans un laboratoire, enfin plutôt une pièce avec une planche à repasser en guise de table d’opération et des hommes en blouses blanches avec des seringues. On amène alors un chat roux, mignon tout plein, avec un superbe pelage, que l’on pose sur la table à repa… heu la table d’opération. Les deux scientifiques, ou du moins présentés comme tels, essaient alors de piquer la pauvre bête pour les besoins de leur expérience. Cette dernière se défend en levant docilement la patte, sans grand effet vous en conviendrez, pourtant les deux hommes sont effrayés. C’est alors qu’arrive l’impensable ! Le chat s’échappe ! Comment en effet imaginer une telle chose alors que le chat n’est pas attaché à la table, que les scientifiques sont aussi doués de leurs mains qu’un fer à repasser, et que la porte du laboratoire est restée OUVERTE !!!!!!!! L’incompétence dans sa plus pure expression.
 
L’unique vigile du laboratoire n’est pas non plus une lumière, puisque lui aussi entrouvre une autre porte, afin de voir d’où proviennent les cris de panique. Il permet ainsi au chat de s’enfuir définitivement. S’ensuit alors une traque de la petite boule de poil dans le parking du laboratoire, pendant une bonne dizaine de minutes, afin de remplir une fois encore le film, sans qu’il se passe quoique ce soit ! Finalement le jeu du chat et à la souris (c’était facile) entre les scientifiques et le mammifère, prend fin lorsque ce dernier sort d’une voiture par le toit et les égorge. Pour vous imaginer la débilité de la scène, il faut que vous ayez en tête cette séquence, ô combien fabuleuse, du film des Monty Python (Sacré Graal), où les chevaliers de la table ronde sont aux prises avec un lapin ! Au premier abord il est inoffensif, mais dès qu’il a repéré ses proies, il leur saute à la gorge. Eh bien c’est exactement la même chose ici, sauf que l’on est sensé avoir peur…
 
Après quelques pérégrinations dans la ville (et la mort de plusieurs innocents) notre bon matou est retrouvé sur le port, dans une sorte de malle, par un groupe de cinq personnes (trois garçons et deux bimbos). Il faut revenir sur eux et sur leur rencontre tant elle est ridicule. Deux des garçons, Corey (le beau gosse) et Lance (le « sportif » ?) s’en vont à la pêche aux femmes riches dans une marina. « Parce qu’il n’y a que des pauvres à la plage » dixit le playboy. C’est alors que deux bimbos arrivent, Bobbie (oui c’est aussi féminin) et Suzanne, et se dirigent tout droit vers les deux jeunes hommes sans que ceux-ci aient à prononcer la moindre phrase. La scène de drague est encore plus rapide que dans un film pornographique !
 
Un troisième homme vient les rejoindre à table, au grand dam des deux autres ; il s’agit de Martin, l’intello du groupe (il prépare un doctorat en biologie). Les deux jeunes femmes apprennent aux garçons qu’elles doivent se rendre sur le bateau d’un magnat de la finance, un certain Walter Graham, qu’elles ont rencontré la veille. Non vous ne rêvez pas, elles sont totalement dépourvues de jugeote, et desservent magistralement la cause féminine en se comportant comme des filles faciles, quoique le terme soit faible ici. Corey, qui est le premier homme groupie des traders de Wall Street, trépigne alors à l’idée de rejoindre les donzelles sur le yacht « du grand Walter Graham, celui qui a gagné deux fois plus d’argent que tous les autres financiers de New York » ! Vous remarquerez au passage qu’après s’être invitées sur le bateau, elles incrustent leurs amis, puis le chat !
 
À cette joyeuse troupe, on doit ajouter d’abord la capitaine du yacht. Il s’agit de la fille de l’ancien propriétaire, qui ne reste que pour récupérer le navire. En plus, viennent se greffer deux hommes de Graham, un homme de main débile (Albert) et Harvey, l’associé sans scrupule du financier. Ce dernier est magnifique durant tout le film puisqu’il n’hésite pas à insulter les autres protagonistes, notamment lorsqu’il assène à Suzanne « Arrêtes donc d’être une salope ! » après que celle-ci ait déploré le manque d’eau.
 
La suite se déroule sur le navire du millionnaire qui après avoir refusé, et les garçons et le chat, finit par accepter que tout ce beau monde rejoigne la croisière. On découvre assez vite que ce petit voyage a pour destination les îles Caïman, où notre homme d’affaire véreux doit déposer de l’argent à blanchir. Il est d’ailleurs recherché par la police. De ce fait, il est impossible pour le navire de faire demi tour. Une aubaine pour notre « chat venimeux » qui va pouvoir tuer, un par un, les hôtes.
 
Comme je l’ai dit en introduction, l’histoire en elle-même n’a pas vraiment d’intérêt, ce sont surtout les effets spéciaux qui frappent le spectateur, ainsi que la nullité des acteurs. J’en veux pour preuve trois extraits particulièrement marquants du film, qui repoussent les limites du nanar !
 
Le premier n’est pas vraiment un extrait puisqu’il s’agit de la transformation du chat en matou transgénique et que celle-ci apparaît plus d’une quinzaine de fois, tant le réalisateur semble être fier de son effet spécial. Il n’y a pourtant pas de quoi ! En effet, si lorsque Hulk s’énerve il devient vert, eh bien la petite boule de poiles, elle, ouvre la bouche pour en faire sortir un espèce de grîmlins, qui une fois sa tâche accomplie retourne dans le corps de la pauvre bête. Le problème avec le monstre, c’est qu’il ressemble plus à une peluche mal faite qu’à une bête assoiffée de sang !
 
Le deuxième passage se situe au début du film, lorsque le chat ne fait que se balader dans la ville. Il se retrouve sur l’arrière d’un pick up. Il est alors pris d’une soudaine envie de manger de l’humain. Il se rabat alors sur le conducteur, qui n’avait rien demandé à personne. Pour cela, il brise la vitre arrière et commence à mordre le pauvre homme. On peut alors constater que le chat est en fait une marionnette ! On voit la main du technicien dépassée du pare brise que le monstre vient de casser… Mais ce n’est pas fini, puisque la voiture tombe dans un ravin, c’est alors que le bruiteur rentre en scène. Ce dernier nous gratifie de trente secondes de bruit de verre cassé, toujours le même, pour illustrer la destruction du véhicule. Proprement hallucinant d’amateurisme… Le bruiteur fait de même avec les miaulements du chat, qui émet ce son  même lorsqu’il n’a pas la gueule ouverte!
 
Le troisième et dernier extrait est ce que l’on appelle de la violence gratuite. Graham et la capitaine du bateau se disputent sur le pont pour savoir s’il faut ou non quitter le navire et s’enfuir sur la chaloupe de secours. [Ce que toute personne sensée aurait fait depuis des lustres, argent ou pas, mais passons]. La jeune femme proteste donc et essaie de convaincre son patron. C’est alors que celui-ci lui assène cette réplique culte :
-       Rachel : « Ce n’est pas ainsi que l’on va s’en sortir ! »
-       Graham : « Rachel, tu n’as pas encore remarqué ? Tout est fini ! Cela n’a plus d’importance, plus rien n’a d’importance. »
-       Rachel : « Vous avez peut-être envie d’abandonner, mais moi pas ! »
-       Graham : « Eh bien au moins tu es cohérente… Seulement tu es et tu resteras une connasse ! »
 
C’est clair, c’est distingué, c’est élégant, c’est Le Clandestin ! Vous l’aurez compris ce film est un vrai nanar comme on en regarderait tous les jours. L’histoire n’a aucune cohérence, le bruiteur est complètement fou, le dialoguiste une véritable ordure, les acteurs sont navrants et les effets spéciaux sont en effet très spéciaux ! Et dire que j’ai vu ce film avec mon chat roulé en boule à côté de moi, j’aurais pu en mourir !