The Strawberry statement: notes of a college revolutionary

janv.
12

 


 

Le Manifeste de la fraise. C’est sous ce titre étrange que James Simon Kunen, banal étudiant américain de l’université de Columbia à New York, publie son premier roman à l’âge de dix-neuf ans.

Il est vrai qu’au premier abord, le titre ne paraît pas très aguicheur ; et on s’imagine aisément son auteur : un adolescent mal dans sa peau séchant les cours de psychologie pour s’essayer vainement à l’écriture. A mourir d’ennui. Mais en apparence seulement. Car si on vous dit que ce livre a été écrit pendant les révoltes étudiantes de 1968, à l’apogée des mouvements contestataires hippie et beatnik, au cœur d’une Amérique puritaine et désabusée par la fureur de sa jeunesse, votre attention est forcément éveillée. Cela vous évoque peut-être d’autres ouvrages bien connus de cette époque, qui traitent de ces chamboulements sociaux, notamment Sur la route de Jack Kerouac.

L’auteur, de fait, était un hippie. Un vrai de vrai, bien qu’il fût un étudiant très tranquille avant le début de la contestation. Le « manifeste » est composé à la façon d’un journal intime. James Kunen nous livre quotidiennement les anecdotes croustillantes de sa révolution anarchique — les rassemblements, les concerts, la drogue — détaillant chaque caractéristique de sa manière de vivre et nous exposant son idéologie au travers de simples événements de la vie de tous les jours : le refus de la guerre du Viêt-Nam, de l’autorité (autant policière et professionnelle que parentale), de la société de consommation, la découverte de l’importance de l’écologie ou encore des valeurs de fraternité. Son livre résume à merveille le malaise de cette génération face à l’ « american way of life », dont leurs aînés sont la caricature.

Si ce livre n’est pas d’un style littéraire soutenu, il a le mérite de livrer le point de vue d’un étudiant de l’époque, qui dépeint férocement la société américaine des années 1968-70 et ses bouleversements sociaux. Le point de vue étant subjectif, la critique de l’époque est teintée d’un humour acide. A lire absolument pour ceux qui veulent redécouvrir les mœurs de l’âge d’or des hippies, et pour tous les curieux !

Il existe une adaptation cinématographique du livre sortie en 1970, bizarrement intitulée Des Fraises et du sang, titre qui est aussi celui qui a été retenu pour la traduction du roman en français.

Mais pourquoi est-il question de fraise dans le titre ? C'est une bonne question. Et à la vérité, impossible d'y répondre. En fait, si l’auteur a choisi ce titre, c'est très probablement parce qu'il ne veut, en définitive, rien dire. Tout simplement.

 

Alexandre Matoussowsky - L1 Humanités