La musique baroque (1/3): la naissance (1580-1640)

Je vais tenter de vous exposer, dans les grandes lignes, la naissance de la musique baroque (1580 à 1640), son essor (1640-1700), son apogée et sa fin (1700-1750), soit près de deux cents ans d’histoire de la musique.

Le baroque est le mouvement le plus long que l’histoire de la musique ait connu et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il va profondément la marquer.

Dans ce parcours, je vous proposerai d’écouter quatre extraits : il vous suffira d’activer les liens.

La naissance de la musique Baroque (1580-1640)

L’Italie, berceau de la musique baroque

L’évolution du madrigal, musique polyphonique qui connaît son apogée sous Monteverdi, conduit, à l’aube du XVIIe siècle, aux premiers opéras et à la naissance de la musique baroque.

Entre 1576 et 1582, des réunions de la Camerata florentina, composée de poètes et musiciens, ont lieu chez le comte Bardi, un aristocrate florentin. Ces réunions font l’objet d’interrogations sur les formes musicales de la Grèce antique et de recherches sur une forme de chant qui s’approcherait de celle qui était utilisée dans le drame lyrique grec.

Pour répondre à ces interrogations, les grands musiciens de l’époque inventent une musique liée aux sentiments et aux situations : c’est le récitatif, qui est une déclamation chantée, guidée par le sens d’un mot, d’une idée ou d’un sentiment pour une plus grande dramatisation.

En 1600, Jacopo Peri (1561-1633), musicien à la cour des Médicis, écrit Euridice, le premier ouvrage dramatique entièrement en musique avec récitatif. Dans cette œuvre, le compositeur a cherché à être au plus près des sentiments et émotions de ses personnages, dans une relation étroite entre texte et musique.

Monteverdi, le père de l’opéra baroque

Le grand compositeur qui va mettre en pratique ces principes et les développer au point de devenir la référence incontestée en musique est Claudio Monteverdi (1567-1643). Il est le musicien du duc de Gonzague à Montoue. Ce dernier, après avoir assisté à la représentation de l’Euridice de Peri, commande à Monteverdi une musique semblable sur le thème de la légende d’Orphée. Le livret d’Alessandro Striggio donne un support solide, avec des situations dramatiques d’une grande intensité, et la possibilité d’exprimer les passions humaines, que Monteverdi va exploiter avec talent.

Son Orfeo, en 1607, éclipse toutes les tentatives précédentes et remporte un énorme succès dès sa première représentation. Cet opéra revêt d’emblée sa forme définitive avec une organisation structurelle héritée de la tragédie grecque. L’ouverture est suivie d’un prologue et de cinq actes divisés en scènes en fonction de l’arrivée des personnages.

Monteverdi établit clairement le rôle des récitatifs, des instruments, des chœurs. Les récitatifs alternent avec des arias (parties chantées solistes plus mélodiques) et des parties à plusieurs voix du chœur. La musique instrumentale soutient la phrase : c’est un accompagnement, une dynamique de la phrase. Les deux instruments principaux qui forment cet accompagnement, cette basse continue, sont le clavecin et la viole de gambe.

À l’époque, on ne parle pas encore d’opéra, mais de fable en musique ou encore de drame en musique. Le terme opéra apparaît en 1646, pour parler d’une œuvre en musique « opera in Musica ».

En 1637, le teatro San Cassiano de Venise inaugure une saison d’opéra ouverte au public pour la première fois. L’opéra n’est plus un divertissement pour les princes et les courtisans mais un spectacle qui recherche l’approbation du public.

L’opéra : l'exploitation des thèmes antiques pour toucher et divertir

L’opéra est un spectacle populaire et le compositeur met tout en œuvre pour émouvoir le peuple et l’émerveiller.

On exploite des sujets nobles de l’Antiquité (fables, histoire ancienne…), sans pour autant emprunter les thèmes de la tragédie, car le but est de toucher le public, mais également de le divertir. On favorise la mythologie et la métamorphose, car on reste dans le cadre du divertissement et de l’émerveillement, avec un principe de fin heureuse, comme dans l’Orfeo de Monteverdi.

Dans son opéra Arianna (première version en 1608), dont le sujet est fondé sur la légende grecque d'Ariane et Thésée, Monteverdi cherche à toucher son public. Il nous reste aujourd’hui la partie la plus poignante de son œuvre intitulée lamento d’Arianna.

Pour écouter le Lamento d’Arianna « Lasciatemi morire » de Monterverdi, interprété par Anna Caterina Antonacci, cliquez sur le player :

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L’opéra : Le goût de la mise en scène.

L’opéra, c’est le goût de la mise en scène, avec un spectacle somptueux et des détails à profusion : face à ce mouvement permanent, l’œil n’est pas fixe.

Pendant la représentation, les tableaux  se succèdent, le décor change, et des machines sont utilisées pour les « effets spéciaux » dans les scènes de batailles, par exemple. Les mises en scènes grandioses mobilisent un grand nombre de personnages secondaires. Les rôles principaux, eux, sont généralement confiés aux Castrats. Les chanteurs portent des costumes de couleurs vives, dont la lourdeur les empêche de se mouvoir en scène.

Pendant les pauses suscitées par les changements de décor, un intermezzo, généralement en deux actes, était donné pour faire patienter le spectateur. Ce divertissement, devant le rideau baissé, mettait en scène deux ou trois personnages.

Tout est prévu pour émerveiller le spectateur et le divertir.

Lucie Pitzalis (L1)

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