La musique baroque (2/3): son essor (1640-1700)

(Cet article est le deuxième d'une série de trois. Pour lire le premier, cliquez ici)

L’essor de la musique baroque (1640-1700)

Vers une musique soliste : «bel canto » et « concerto grosso »

À partir des années 1640, toute l’Europe manifeste un intérêt grandissant pour la musique et les sentiments qu’elle exprime, mais plus encore pour la performance. Le public s’engoue pour le merveilleux, le contraste, l’inouï et la stylisation caractéristiques de l’esthétique baroque.

L’opéra, désormais, est vu comme un pur divertissement. Se développe le style récitatif/aria, où parties parlées et chantées alternent. C’est dans ces arias que les chanteurs pouvaient montrer leurs performances vocales, au point que les spectateurs ne venaient à l’opéra que pour entendre les prouesses vocales de leurs chanteurs favoris.

C’est le siècle d’or des Castrats. L’un des plus célèbres d’entre eux, encore de nos jours, est Farinelli (1705-1782), connu dans l’Europe entière. Le castrat était un chanteur qu’on castrait avant sa mue pour qu’il conserve son timbre d’enfant. Il possédait une voix souple, puissante et très étendue vocalement, avec plus de trois octaves. La virtuosité des castrats a suscité un fantastique engouement du public, et les compositeurs ont composé pour eux de grands arias.

L’aria se compose souvent de trois parties : une première partie de présentation, une deuxième partie de transition et, enfin, une troisième partie, qui est un bis de la première, mais avec ornementation. Il appartient au chanteur d’inventer ses ornementations en fonction des prouesses vocales dont il est capable. Le mouvement de la voix est incessant :  il faut éblouir.

La musique instrumentale évolue également :  une musique soliste apparaît et se distingue de la musique d’accompagnement. Se développent ainsi la sonate pour trio ou soliste et le concerto grosso, qui est une forme musicale pour ensemble instrumental important, et qui relève de la tradition italienne. De plus, la musique instrumentale bénéficie des progrès des luthiers, qui remplacent la viole par le violon, pour les aigus.  Certains instrumentistes sont particulièrement remarqués et appréciés pour leur technique et leur virtuosité. Cette virtuosité s’exprime dans les contrastes de couleurs et l’agilité ornementale de l’écriture en contrepoint, où différentes lignes mélodiques  indépendantes se superposent. Comme exemple de musique contrapuntique (en contrepoint), citons la fugue (du latin « fuga », « fuite »).

En Europe, les principaux compositeurs de cette période, en musique aussi bien vocale qu’instrumentale, sont Jean-Sébastien Bach, Georg Friedrich Haendel, Henry Purcell, Domenico Scarletti et Antonio Vivaldi.

George Frideric Haendel (1685-1759) : Aria della Bellezza « Un pensiero nemico de pace », tiré d’Il trionfo del Tempo e del Disingann et interprété par Cécilia Bartoli. Pour écouter cet aria, cliquez sur le player :

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Un modèle à part : La France de Louis XIV

En France, sous l’Ancien Régime, il y a un rejet du modèle italien avec un nationalisme musical qui s’instaure dès le début du règne de Louis XIV. Ce dernier souhaite que l’art soit au service du roi et de la monarchie.

En 1661, Lully (1632-1687) est nommé surintendant de musique par Louis XIV. Il collabore avec des écrivains comme Molière, Corneille, Racine, La Fontaine ou Boileau pour créer ses comédies-ballets et ses tragédies lyriques. La comédie-ballet est une comédie parlée, avec des intermèdes chantés ou dansés. L’une des comédies-ballets les plus connues est Le Bourgeois Gentilhomme de Lully. Quant à la tragédie lyrique, elle est le correspondant en musique de la tragédie classique en littérature ; elle se caractérise par un grand souci du texte littéraire. Les tragédies lyriques les plus connues de Lully sont Alceste et Armide.

La musique française se différencie des autres musiques européennes par son refus de la subjectivité et de l’individualisme. Elle refuse également le bizarre, l’arbitraire et le mystérieux qui sont des éléments essentiels dans la musique baroque italienne. Elle recherche au contraire la clarté, avec une mise en valeur du texte, ainsi que l’ordre et la mesure. Cependant, on conserve les scènes destinées à émerveiller, avec les machineries.

Pour écouter un extrait de l’Armide de Lully (1686) « Enfin, il est en ma puissance » interprété par Véronique Gens , cliquez sur le player :

[flash http://www.youtube.com/watch?v=6VT3jePphX8&feature=related]

Lucie Pitzalis (L1)

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