À deux semaines du début du festival Nanterre sur Scène, nous avons rencontré Daniela Dantas, comédienne et metteur en scène de la pièce En Noir et Blanc, dans un petit café du 18ème arrondissement de Paris. Elle nous dévoile dans cet entretien les coulisses de leur spectacle si singulier.

 

Présentation de la pièce par Daniela

En Noir et Blanc est une pièce qui réunit à la fois le théâtre, le cinéma et la musique. Ce projet a pris, au minimum, deux ans, car nous sommes, aussi, membres de plusieurs associations. Avec les techniques du cinéma muet et le court-métrage réalisé dans différents endroits, Juliana Coelho et moi, nous présentons au public une histoire tirée du vécu, mâtinée d’un burlesque « chapelinien ».

MCEI : Comment vous est venue l'idée de la création de cette pièce?

Au début, on a eu envie de travailler sur le comique et le burlesque au cinéma. On a donc décidé de s'inspirer des films de Charlie Chaplin, des Monty Python, de Laurel et Hardy. Sur cette base, on a créé notre histoire et nos propres personnages. Ce qui nous plaît chez Chaplin, c'est sa faculté de traiter des aspects fragiles de la société d'une manière burlesque.

MCEI : Vous êtes-vous inspirés de faits réels?

Plutôt plus que moins; nous avons puisé notre inspiration dans notre vécu pour créer les personnages. Paul, interprété par Juliana, a quitté son pays en pleine guerre; Paulette symbolise également l'immigration, elle déserte sa campagne à cause des problèmes de pollution, afin de venir travailler dans la capitale. A la fin, leurs chemins s'entrecroisent.

MCEI : Il me semble que le choix de leurs prénoms n'est pas anodin.

Non, bien sûr! Là encore, nous nous sommes inspirés de Chaplin, quand il joue avec les prénoms. C’est aussi, comme dans la Commedia Dell’arte, où chaque acteur adopte et conserve un personnage en rapport avec ses aptitudes. L’acteur se conforme aux traits de son caractère pour jouer au mieux son rôle.  Madame Vilaine s'appelle ainsi parce qu'elle est méchante; quant à Paul et Paulette, leurs prénoms ont été choisis pour exprimer la similitude de leur trajectoire, ainsi que l'idée qu'ils pourraient former un couple.

MCEI : Quel rôle la police joue-t-elle dans En Noir et Blanc?

Notre but premier n'était pas de traiter de la police, mais de faire de petits clins d'œil quant à son rôle; par exemple, quand les policiers entrent dans le bar où travaille Paul, ils demandent les papiers à une femme « noire », pourtant innocente. Cela dit, il y a beaucoup d'improvisation dans cette pièce.

MCEI : Que pourriez-vous dire sur le métier exercé par chacun des personnages?

Cet aspect de la pièce est rattaché à notre expérience personnelle, en tant qu'étudiantes. Même si j'ai eu pas mal de diplômes au Brésil, mon pays, je me suis retrouvée, ici en France, à occuper des emplois alimentaires. De plus, on s’est beaucoup inspirés de l'histoire des Bretons qui, lorsqu'ils venaient en Ile de France, ne trouvaient pas de travail et vivaient dans des logements insalubres. C'est la même chose pour les étudiants étrangers : ils ne peuvent recourir qu'à des petits boulots.

MCEI : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la fin de la pièce, sans, bien sûr,  raconter le dénouement?

Il y a beaucoup de quiproquos, comme dans les films burlesques. Je ne peux vous en dire plus, je vous invite à venir voir la pièce !

Hanane Laguer et Omar Dahmouni

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