Le sens de la vie par Woody
lun, 01/12/2015 - 01:00 | Ajouter un commentaire
Cette année, le cynisme du cinéaste revient au cœur d’une comédie romantique des plus divertissante. Dans les années 1920, sur la French Riviera de la côte d’Azur, Stanley (Colin Firth), un magicien anglais dont le personnage de scène est un chinois nommé Wei Ling Soo, est engagé par un de ses amis et confrères afin d’enquêter sur le prétendu don d’une jeune médium américaine prénommée Sophie (Emma Stone), soupçonnée d’escroquer de riches familles de la côte. A son contact, l’anglais snob, pessimiste au possible, « aussi charmant que le typhus », va découvrir qu’il existe peut-être un au-delà du réel, qui défie toutes les lois de la science et qui donne soudain une autre saveur à la vie, qu’il juge absurde et dénuée d’importance.
La rencontre entre ces deux antagonistes est saisissante aussi bien que caricaturale. En effet, aucune nuance n’est apportée à l’éthos du vieux bougon de magicien, qui cite Nietzsche et clame la mort de Dieu. Pas de contraste non plus dans le personnage de Sophie, qui croque la vie à pleine dent et n’a pour but que de rendre la vie des gens plus douce, quitte à les bercer d’illusions. Si le déroulement de l’intrigue est attendu, les ficelles de la comédie sont bien cachées. On reconnaît l’humour grinçant et torturé du réalisateur dans chaque réplique, les décors et la musique jazzy emportent le spectateur tout droit dans la magie des années 1920 et le ton est plaisant.
Dans ce nouveau film, Woody Allen nous fait part de sa vision de l’existence, sous les traits de Colin Firth. Une vision rationnelle, sans surprise ni magie, faite uniquement de coïncidences et d’événements logiques. Il n’impose cependant pas sa philosophie aux spectateurs, à qui il laisse le choix de croire ou de ne pas croire. Son avis semble tranché, mais sublimé par le tour de passe-passe qu’opère la caméra. De plus, il est indéniable que l’intrigue s’inspire d’un fond autobiographique et fait référence à la rencontre du réalisateur avec Soon-Yi Previn, qu’il a épousée en 1997. Misanthrope aigri, rationnel et qui a peur de la mort, il laisse croire qu’un peu de foi est possible dans tout ce pessimisme concernant la vie. Pas seulement dans la religion et l’au-delà, mais aussi dans l’amour.
Sorti le 22 octobre 2014. http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=220980.html