Champs de Coquelicots: une oeuvre et sa valeur

mar, 02/10/2015 - 21:06 - Lore Apestéguy

Le quartier de la Défense est connu pour être le lieu du monde des affaires. Pourtant, cet espace a été envahi par des œuvres d’art de tous types, dans des lieux pouvant parfois paraître invraissamblables. L’œuvre, Champ de Coquelicots de Catherine Feff est une véritable illustration de ce mélange des genres, de cette implantation de l’art là où il n’était pas nécessairement attendu. Cependant, le travail de l’artiste pose aussi de nombreuses questions quant à la nouvelle place de l’art dans le milieu urbain et dans le monde financier.


Sur le mur d’un petit passage dédié aux déplacements des taxis, remontant de l’avenue Gambetta vers la place de la Coupole, se trouve l’œuvre de Catherine Feff. Il s’agit d’une fresque murale représentant

un champ de coquelicots, comme le nom de l’œuvre l’indique. Ce paysage bucolique et joyeux se mélange à l’environnement urbain. Si cette fresque se détache de l’ensemble avec son côté jovial et poétique, elle semble dans le même temps s’intégrer à la Défense. Cela se comprend d’autant mieux lorsqu’on s’intéresse d’un peu plus près au travail de l’artiste.

La volonté artistique de Catherine Feff peut être envisagée à partir du Champ de Coquelicots. On y voit une œuvre d’art s’appuyant sur l’architecture urbaine et qui semble pourtant s’en détacher. Cette ambivalence est au cœur du travail de l’artiste. Ainsi, Catherine Feff a notamment utilisé des structures d’échafaudages pour masquer des bâtiments en rénovation avec de grandes bâches peintes (comme à l’église de la Madeleine ou à l’Arc de Triomphe). Avec l’entreprise qu’elle a créée, « Catherine Feff Studio », elle articule art et service, mise en avant du milieu urbain et dissimulation des défauts de ce dernier. On comprend alors ces bâches peintes comme une volonté de couvrir les échafaudages pour mettre en valeur un chantier et surtout pour minimiser la déformation du paysage. Cependant, les toiles peintes sont faites sur commande et peuvent même être d’ordre de la « communication publicitaire ». L’art qu’elle propose devient alors une marchandise ce qui nous amène à réfléchir sur la valeur de toutes ces œuvres.

 

« Catherine Feff a notamment utilisé des structures d’échafaudages pour masquer des bâtiments en rénovation avec de grandes bâches peintes (comme à l’église de la Madeleine ou à l’Arc de Triomphe). »

 

Si, lorsque l’on s’intéresse au Champ de Coquelicots, il est évident que  l’idée dominante est celle de l’art qui décore la ville, sur les autres projets la question est plus ambivalente. Comment faire pour différencier les moments où Catherine Feff et ses collaborateurs s’expriment de ceux où ils ne font que répondre à des attentes et faire de la publicité ? Et même lorsque leurs travaux sont construits à des fins promotionnelles, peut-on réellement dire qu’ils perdent alors toute valeur artistique ?

Les œuvres de la Défense, à l’image de celle de Catherine Feff, sont donc intéressantes du point de vue graphique mais aussi dans la réflexion que l’on peut avoir sur la place de l’œuvre d’art et ce qui fait sa valeur.

Photos 1 et 2 : Champ de Coquelicots, Catherine Feff, mis en place en 2006

Article écrit par Lore Apestéguy

 

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