Un an après les attentats de Paris qui ont touché la rédaction de Charlie Hebdo, le documentaire L’humour à mort revient sur ces événements et rend hommage à toute la rédaction du journal satirique, mais aussi aux victimes de l’hyper cacher et aux policiers décédés.

Si vous cherchez des détails sur le massacre du 7 janvier, passez votre chemin. Ce film ne vous apportera rien de plus que les informations diffusées par les chaînes en continu. L’Humour à mort se consacre exclusivement à ceux qui faisaient le journal, ceux qui ont été tués le 7 janvier comme ceux qui ont réchappé au massacre.

Cette équipe est bien connue du réalisateur Daniel Leconte qui l’avait déjà suivie pour son documentaire sur le procès du journal en 2007 avec C’est dur d’être aimé par des cons. Les témoignages et les images tournées place de la République dans les jours suivants les attentats sont entrecoupés d’extraits du documentaire de 2007. « En cas de pépin, je sais que des gens sont capables de se mobiliser pour la liberté d’expression Â» nous dit Charb en 2007. Huit ans après, ses propos prennent toute leur signification devant les images de la foule présente à Paris qui donnent raison au caricaturiste. Nous sommes également émus de revoir Cabu analyser la réalisation de son dessin de Mahomet sans rien regretter.
 
Aujourd’hui, on retrouve Charb, Cabu, Honoré, Tignous et les autres devant la caméra ou racontés par leurs amis. Le réalisateur et les témoignages rendent hommage à ces dessinateurs et leur joie de vivre, tandis que Riss, Eric Portheault et Coco, survivants du massacre, nous rappellent la réalité de l’horreur qu’ils ont vécue.
 
Au-delà de son hommage, le réalisateur revient sur les critiques adressées au journal dans les semaines qui ont suivies les attentats, mais soulève également des questions de société en particulier grâce à l’intervention d’Elizabeth Badinter et Soufiane Zitouni. Une des forces de ce documentaire tient dans les paroles d’Elisabeth Badinter, toujours aussi clairvoyante et visionnaire. Ils interrogent la responsabilité des médias, et soulignent le nouveau rôle de l’Etat qui contrairement à l’époque de Voltaire, Zola ou Hugo protège ses dissidents et ne les condamnent plus à l’exil.
 
Ce beau film hommage est donc à voir, pour se souvenir de ces hommes et ces femmes mais aussi pour s’interroger sur le devenir notre société. Cependant un constat navrant s'est imposé à nous :  à Paris dès la semaine de sa sortie le film était seulement diffusé dans moins d’une dizaine de salles. Alors que nous célébrerons demain le triste anniversaire des attentats, les cérémonies et les hommages se multiplient mais presque aucune trace du documentaire dans les médias. 
 
Mathilde Fouillet, Apolline Mauger et Alice Sammut
 
La bande annonce à découvrir ici.
 
L'humour à Mort, un film de Daniel Leconte, 1h30

 

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