Le loto de Marjane

ven, 01/29/2016 - 13:17 - julie.destombes

Et le numéro complémentaire est le :

1. Une femme singulière. La grand-mère de Marjane a été d'une influence toute particulière dans sa vie.  Loin des clichés que l'on se fait de la femme iranienne soumise, Marjane a évolué dans un univers féminin de femmes fortes et au caractère bien trempé. Elle parle de cette grand-mère, dont on apprend qu'elle est tatouée sur le bras du nom de son mari (le troisième), et hérite de ses comportements avares en compromis, ce qui lui vaut aujourd'hui quelques inimitiés. Image incarnée du matriarcat à la langue musclée, sa grand-mère ne mentait jamais, ne faisait jamais de cadeau mais était une femme sincère et franche. N'ayant pas la langue dans sa poche, Marjane est elle aussi une personne entière et singulière, qui démonte dans Persepolis les clichés de la femme soumise.

160. C'est le nombre d'école aux Etats-Unis dans lesquelles est étudiée la bande-dessinée Persepolis. Du collège à Harvard, c'est la bande dessinée la plus étudiée dans les écoles. Persepolis est un phénomène dans le monde de la BD, car cette œuvre permet d'ouvrir à de nouvelles perceptions de l'Iran, et de le sortir du cliché d'un pays fantasmé entre Shéhérazade et l'Iran craint, vivier du terrorisme, d'hommes sanguinaires et fanatiques. Persepolis, c'est tout simplement la vie de la petite Marjane qui grandit dans un contexte politique marqué par la révolution islamiste, de cette adolescente en exil qui se perd pour se retrouver. Bande dessinée autobiographique, Persepolis retrace, en noir et blanc, les étapes de la vie de la jeune femme depuis  l'enfance pendant la révolution islamique à l'entrée dans l'âge adulte. Elle fait de l'histoire de cette jeune fille iranienne, une histoire universelle. Raconter une petite histoire pour raconter l'Histoire du pays.

6. A 6 ans, Marjane se rêvait prophète, maitre du monde, chimiste ou gangster. Elle n'a jamais été tentée par une vie tranquille. Les rêves de petites filles classiques ne lui ont jamais convenu. Elle se voyait gangster professionnel et  braquer des banques. Depuis le plus jeune âge, Marjane voulait être connue, elle ne voulait pas faire un métier normal. Le fait qu'elle ait choisi d'être auteur de bande dessinée et la réalisatrice plutôt que gangster est appréciable. Mais le succès que rencontrent ses œuvres lui offre toute la notoriété dont elle rêvait enfant.

4. Le nombre d'années  d'exil. Afin d'épargner à leur fille les conflits et l'oppression du régime islamiste, les parents de Marjane décident de l'envoyer à Vienne en Autriche. Elle y vit pendant quatre ans, une vie d'exilée, séparée de ses proches. Traversant la période adolescente loin de sa patrie d'origine, elle découvre le punk, la drogue et se confronte aux préjugés et au racisme : « J'étais devenue une poubelle dans la rue ». Elle a alors vécu plusieurs mois dans la rue. Mais c'est aussi ce qui l'a forgée, parce qu'avec cette expérience elle n'a plus peur de rien. Le fait de chercher sa place dans le monde est positif : comme en témoigne l'exemple de Marjane, quand la vie nous bouscule on peut en faire de grandes choses.

5. 5 jours pour se sentir chez elle. Iranienne de naissance, française d'adoption, exilée par la force des choses, viennoise dans la douleur. Marjane Satrapi est à la rencontre de différentes cultures. Descendante d'une famille aristocratique iranienne, elle est la « princesse rouge » du clan Qajar. L'exil forcé à 14 ans lui a donné une forte capacité d'adaptation. Au bout de cinq jours, dit-elle, elle songe déjà à voter dans le pays. Mais c'est aujourd'hui en France qu'elle a posé sa valise, même si l'on ne sait pas pour combien de temps.

20. 20 cigarettes par jours. Marjane Satrapi est une fumeuse invétérée, mais cela ne fait pas d'elle une fumiste. C'est une pile, une femme qui va jusqu'au bout de ses idées et de ses envies, qui se donne dans ses projets, une femme au caractère forgé par de nombreuses périodes difficiles. Elle a vécu la guerre, la révolution dans son pays. Elle s'est retrouvée dans la rue, a vécu une dépression. Pour exprimer sa souffrance, elle dessine, elle peint, elle crée, très souvent une cigarette à la bouche.

46. A 46 ans, on n'a pas encore fini d'entendre parler de Marjane Satrapi. Elle a déjà vécu plus de péripéties dans sa vie que nombre d'entre nous. Et c'est une femme aux ressources immenses qui aime le renouveau et la découverte. Elle est illustratrice, conteuse, dessinatrice, et peintre mais aujourd'hui elle se focalise sur sa carrière au cinéma, qui est pour elle une manière de faire un travail dont l'aspect collectif peut la surprendre. 2014-2015 sera l'année de ses premiers pas à Hollywood avec The Voices, comédie horrifique mettant en scène un serial-killer. Et elle nous réservera surement d'autres surprises.

Gaëlle Vizy

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