La Connaissance de Paul Flury, dialogue avec un artiste.

dim, 02/22/2015 - 22:24 - elisa.filou

  Dans l'imaginaire ordinaire, le parvis de la Défense est gris, morne et sérieux. Il suffit pourtant d'ouvrir les yeux pour voir un monde enchanté se substituer à ses images. Un monde enchanté aussi bien qu'enchanteur où les formes et les couleurs, tels des lutins malins, jouent avec le reflet des tours, pour nous faire tourner la tête. 

 

Lorsque l’on arrive à la Défense, on peut être surpris par l’architecture et par l’ambiance générale que suscite ce quartier des affaires et son immense esplanade. Tout semble n’être qu’en verre et en hauteur. Par beau temps, le reflet du soleil sur les murs des bâtiments éblouit et nous empêche de distinguer ce qu’il y a d’encore plus surprenant sur le parvis. Plantées ça et là, comme des champignons, se dressent des statues et des sculptures. Improvisé comme un musée en plein air, ce parvis regorge d’œuvres d’art contemporain. La première œuvre de la série a vu le jour en 1883, avant l’ère contemporaine. Intitulée La Défense de Paris et réalisée par l’artiste Louis-Ernest Barrias, elle a donné son nom au site de la Défense. Ce sont ensuite plus de soixante autres œuvres qui ont été créées pour magnifier l'ensemble.

De ce côté un pouce géant, de l’autre, un homme ailé, plus loin encore, un homme sans crâne. Lorsque l’on avance vers le pôle universitaire de Leonard de Vinci, il est possible de voir, située juste à l’entrée, sur la droite, une drôle de sculpture, toute de bleu et de rouge, dont les couleurs viennent égayer ce décor aux couleurs grisâtres. Il suffit de s’approcher pour voir que cette œuvre a été réalisée par Paul Flury, sculpteur diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Depuis la première exposition consacrée à son œuvre, qui a eu lieu en 1979, plus de soixante autres expositions ont été organisées en France, en Allemagne et en Suisse, son pays natal. Une nouvelle exposition s’est tenue au pôle universitaire Léonard de Vinci en avril 2003, à l’occasion de l’inauguration de La Connaissance, cette œuvre monumentale de 5,5 m de hauteur dont le poids atteint 3 tonnes. L’idée a été lancée par l’Amicale des Anciens Elèves de l’ESF (l’Ecole Supérieur de Fonderie). Ils voulaient créer une structure en fonderie et pour ce faire, ont demandé l’aide de l’artiste Paul Flury, vers qui le choix s’est tourné à l’unanimité. La Connaissance devait représenter pour les membres à l’origine du projet, le savoir réunit et enseigné au sein de l’ESF sur les métiers de la fonderie industrielle. Ces deux gigantesques lames en fonte et en acier se terminent à l’extrémité supérieure par deux mains jointes ensemble. Plus qu’une simple représentation de la connaissance, elle est aussi symbole d’échange et de communion entre la pratique industrielle de la fonte et sa pratique artistique. Les matériaux utilisés ont été fournis généreusement par l’entreprise de Devaux Werts, fonderie de fonte et d’acier spécialisée dans la fabrication de pièces de grandes dimensions. Elle disposait en effet des équipements et moyens de procéder nécessaires dans ses ateliers de la ville de Meaux, là où a été élaborée l’œuvre. Lors de sa fabrication, quatre-vingts élèves de l’ESF ont été invités à laisser leur marque sur cette œuvre qu’ils avaient en partie imaginée. En effet, lorsqu’on se rapproche encore de la sculpture, il est possible de lire des messages laissés par les élèves ayant participé au projet. Un « bonjour », un « je m’appelle X et je vous lègue mon héritage », ou encore un « je vous aime », laissent présager d’autres messages de communion, manifestes de la portée collective de l’œuvre. Malheureusement inscrits trop en hauteur sur ces lames, il est impossible de tous les déchiffrer. Ainsi La Connaissance de Paul Flury nous montre que la Défense est aussi un lieu de transmission et d’apprentissage. 

 

Elisa Filou