La fontaine monumentale Agam

mar, 02/17/2015 - 21:21 - Stephanie.s
 
La volonté ancienne de l’Etat et des collectivités locales de faire intervenir des artistes contemporains dans la démarche de conception des espaces publics a favorisé l’émergence d’œuvres monumentales. Le quartier de la Défense avec ses soixante-sept œuvres en est la manifestation directe.
 
Pour aller plus loin : Dossier Art et Espace Public – Le point sur une démarche urbaine 
 
En 1974, Germain Viatte, alors directeur de la documentation contemporaine du Centre George-Pompidou, propose pour les places de la Défense de non plus seulement réaliser de très grandes pièces mais de «concevoir des projets pour la Défense ». De cette initiative née, en 1975, La fontaine de Yaacov Agam. 
 
Une œuvre en mouvement
Implantée en 1988 dans le prolongement de l’axe historique de Paris, la fontaine de l’artiste Agam fascine, dès le premier coup d’œil, par sa taille monumentale et ses vives couleurs. Tenant la position centrale de l’Esplanade de La Défense, l’œuvre est constituée d’un bassin rectangulaire de 86 mètres de long par 26 mètres de large qui se revêt de quatre-vingt-six émaux de nuances différentes spécialement fabriqués à Venise.
 
Représentative de l’art cinétique, cette œuvre rend le spectateur acteur de la création en l’obligeant à se déplacer pour en découvrir tous les secrets. Les effets visuels varient selon l’angle de vision de celui qui la regarde, si bien que La fontaine se redessine à chaque instant. Pour ajouter toujours plus de facettes à cette œuvre vivante, Yaacov Agam a fait appel à différents éléments comme les formes, les couleurs, le son, la lumière ou l’eau elle-même.
 
Les jets d’eau muets, à la mi-journée, et les ballets musicaux sur des aires de Stravinski et Gershwin aux heures de sorties de bureau, en font une véritable féérie aquatique. Même lorsque la fontaine est inactive, les formes et les couleurs donnent à cette œuvre une impression de mouvement. Ces couleurs prisent à l’arc-en-ciel sont très représentatives du travail de l’artiste. L’arc-en-ciel constitue, pour Agam, la première œuvre d’art donnée aux hommes par Dieu lorsque lors de son alliance avec Noé décrit au sein de la Genèse. 
 
De l’art à la technique
Pour faire fonctionner ses soixante six jets d’eau pouvant atteindre jusqu’à 14,50 mètres de hauteur, l’œuvre recèle une véritable machinerie. Eclairés par 6 projecteurs, les jets sont animés par des variateurs de vitesse qui réagissent en fonction de la musique et sont implantés suivant un dessin en courbe dans le bassin principal. Un réservoir cascade de 3m de hauteur établit la circulation entre le bassin principal et les bassins techniques situés en sous-sol. Une telle installation donne lieu à une réelle orchestration visuelle combinant jaillissement et musique, rythmes et jeux d'eau. Yaacov Agam, avec sa Fontaine Monumentale, donne à La Défense une création intemporelle semblant exprimer toute la mobilité de la vie qui s’y déroule.
 
Informations
Jets d’eau muets : de 12h à 15h du lundi au vendredi ; de 16h à 18h, les samedis, dimanches et jours fériés.
Ballets musicaux : du lundi au vendredi de 17h à 19h ; les vendredis et samedis à 20h30.
 
L'artiste
 
Yaacov Agam, artiste israélien né en 1928, formé dans l’esprit du Bauhaus, étudie à la fois l’histoire de l’art, l’architecture et la composition musicale. Véritable novateur, il introduit dès l’âge de 25 ans au sein de ses tableaux une « quatrième dimension, celle du temps, de l’espace » induite par la vision du spectateur. C'est dans cet esprit qu'il applique ses méthodes aussi bien aux arts plastiques qu'à la recherche littéraire, musicale ou cinématographique.
 
Son exposition Tableaux transformables (1953), l’inscrit dans un art cinétique qu’il bouleverse en faisant non plus des éléments mobiles, mais du spectateur le moteur du mouvement des œuvres. Cette exposition est l’occasion de poser les bases d'un travail dans lequel la référence au judaïsme –dans une perspective philosophique davantage que religieuse– est constamment sous-jacente.
 
Son goût pour les œuvres monumentales dans les domaines de la peinture, de la sculpture comme de l’architecture l’amène à répondre à de nombreuses commandes dans diverses parties du monde. Parmi les plus connues, on retrouve la fontaine « Feu et eau » à Tel Aviv, la « Fontaine Monumentale » de la Défense et « Le Salon de l’Elysée », commande officielle du président Georges Pompidou reçue en 1971 pour aménager l’antichambre des appartements privés du palais de l’Élysée.
 
L’originalité d’Yaacov Agam tient à un jeu permanent avec les couleurs, les formes, les sons, l’eau, la lumière et la technologie –il est un des premiers à utiliser la vidéo en tant que médium. 
 
Quelques oeuvres d'Agam
 
 
 
 
 
 
Le "Salon de l'Elysée", 1971. Exposé au musée national d'art moderne du centre Georges-Pompidou

 
 
 
 
 
 
Fontaine "feu et eau", 1986. Place Dizengoff, Tel-Aviv

 
 
 
 
 
 
 
 
Kodanska Palace, 2005. Prague
 
Stephanie Salvi