La médiation culturelle, un art in situ: rencontre avec Parand Danesh

sam, 11/22/2014 - 11:59 - hermine.parmentier
 Le 4 novembre 2014, la promotion Niki de Saint-Phalle du parcours Médiation Culturelle et Interculturelle (MCEI) du Master Humanités et Industries Créatives de Nanterre a eu le plaisir d’accueillir Parand Danesh au Pôle Universitaire Léonard de Vinci, à la Défénse.
 

 

 
Le parcours de Parand Danesh est guidé par deux évidences : son désir de travailler dans le monde de l’art contemporain et sa réflexion sur la tension entre l’art et l’espace public, en particulier dans le cas de l’Iran, son pays d’origine. Dans le cadre de ses études, elle intègre un Master d’Histoire de l’art spécialité Droit à l’Université Sorbonne-Paris IV. C’est le temps de ses premières expériences professionnelles. Un stage en galerie à Paris, pas très concluant, puis un stage au Musée d’Art Moderne de Téhéran, qui lui ouvre les yeux: la liberté d’expression et l’innovation artistique ne sont pas des acquis, la rencontre de l’art et du public est un combat quotidien dans certaines régions du monde. Forte de cette expérience, elle rédige un mémoire de maîtrise intitulé: «Peintures murales post-révolutionnaires d’Iran et leur impact sur l’art contemporain iranien ». Elle décide ensuite de se spécialiser en deuxième année de Master en art contemporain et entreprend d’étudier les métiers de l’exposition et notamment le commissariat.  D’abord, elle retourne à Téhéran assister pendant un mois le curateur de la galerie underground Mohsen Gallery, Amirali Ghassemi. Puis, à son retour, elle se sensibilise aux enjeux de l’art contemporain en France au sein de la direction générale de la création artistique du ministère de la Culture et de la Communication aux côtés de Dominique Aris, attachée principale d’administration. Elle contribue alors à la relance de la disposition légale du «1% artistique» qui consiste à imposer aux maîtres d'ouvrages publics de réserver 1% du coût de leurs constructions pour la commande ou l'acquisition d'une ou plusieurs œuvres d'art.
Lorsqu’on lui demande son avis la médiation culturelle, elle se réfère à l’enseignement de son ancienne professeur Florence Morat, chargée de programmation au Centre George Pompidou. Pour elle, la médiation culturelle est l’ensemble des actions qui visent à réduire l’écart entre les œuvres et les publics. C’est un point de rencontre entre culture et éducation, entre formation continue et éducation informelle. L’appréhension des publics visés par l’action de médiation précède la conception des outils de médiation adéquats. Il faut fournir des contenus qui apportent des clés de compréhension de l’œuvre, amener le public à créer un lien avec celle-ci, à ressentir une émotion. Parand Danesh ajoute à cette définition une remarque basée sur ses propres expériences «Pour faire de la médiation, il faut aussi établir soi-même un lien fort et personnel avec l’œuvre». La médiation c’est aussi accueillir le public et être à son écoute : l’événement culturel doit être un moment de convivialité, d’expérience de l’œuvre à vivre.
Ce qui ressort de son expérience est que la médiation est toujours en mouvement, et demande une adaptation différente pour chaque cas. C’est une pratique in situ, qui s’applique différemment selon le territoire où l’on se trouve. À Téhéran, elle se trouvait dans un contexte de grande tension et de crispation par rapport à l’art, les enjeux de médiation étaient très lourds. Le public étant insaisissable, la diffusion se faisait principalement par le bouche à oreille. À Paris, au sein du collectif curatorial Agency, créé avec d’autres étudiants-curateurs de sa promotion, l’attachement au travail en amont et en aval de l’œuvre était tout aussi important. Si la médiation demande la création d’un contenu cohérent, cela va inévitablement de pair avec une cohérence au sein même du groupe de travail. « Il faut prendre du recul sur soi et écouter. Il est indispensable de privilégier la communication lorsqu’il s’agit de réaliser un travail collaboratif ». Leur premier projet Matchmaking en juillet 2014, où ils exposaient les jeunes artistes en 5ème année aux Beaux-Arts de l’atelier P2F, fut un succès. Ils parvenaient ensuite en quelques mois à réunir une dizaine de photographes contemporains pour l’exposition La photographie performe [the body and the archive] au Centre Photographique d’île de France qui a lieu en ce moment jusqu’au 14 décembre.
La promotion Niki de Saint Phalle remercie Parand Danesh pour son intervention, qui a permis d’envisager différentes perspectives de la médiation culturelle, et d’éclairer les étudiants sur leur orientation future.
 

Compte rendu réalisé par Milena Mc Closkey, Stéphanie Salvi, Hermine Parmentier et Charlène Bouchard.
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INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES
Parcours universitaire
-Double licence en Droit et Histoire de l’Art et Archéologie, Université Paris I Panthéon-Sorbonne (2009-2012)
-Master  1  Histoire de l’Art et Archéologie, conservation. Université Paris I Panthéon-Sorbonne (2012-2013)
-Master 2 L’art contemporain et son exposition. Université Sorbonne-Paris 4 (2013-2014)
 -Exposition « La photographie performe, the body and the archive » du 4 octobre 2014 au 14 décembre 2014. Centre Photographique d’Île-de-France, Pontault-Combault
 

Plus d’informations http://www.cpif.net/