Anxieux de rater son train ou pressé de rentrer de chez lui, le voyageur qui circule à la gare Saint Lazare, à Paris, a rarement le temps d’admirer les merveilles artistiques exposées à son regard. S’il est assez curieux, celui qui est arrivé en avance s’offrira un vrai plaisir des yeux en attendant le départ. Par contre l’objectif du touriste ne manquera pas d’immortaliser ces magnifiques vitraux datant de 1930.
Mis au jour en 1936 avec l’ouverture de la gare, ces vitraux décorent les arcades intérieures, face aux quais. Ils ont été rénovés pendant les travaux d’agrandissement de la gare et affichent leur nouvelle jeunesse à un public malheureusement peu conscient de leur présence et de leur intérêt. Pourtant il suffirait de lever les yeux pour visiter le nord-ouest français.
Très différents de ceux qu’on peut voir dans les églises, on observe ici des vitraux figuratifs représentant, en lignes pures sur du verre sablé, un dessin au trait, en noir et blanc ou pourpre, du patrimoine touristique des villes desservies par la gare Saint Lazare. On peut ainsi contempler (idées d’évasion ?) l’imposante église de l’Abbaye-aux-dames de Saintes, en Charentes-Maritimes, ou encore le Vieux Château de l’Île d’Yeu, en Vendée. L’encre noire en usage lors de la conception de ces œuvres leur donne un aspect réaliste. Les traits, gras et ronds, confèrent aux images une douceur sympathique et chaleureuse. Cet effet élimine d’emblée toute perfection pour sublimer l’idée que l’érosion, avec le temps, laisse sensiblement son empreinte patinée. Ainsi, on peut imaginer que la personne qui irait visiter l’un de ces lieux ne se sentira pas flouée de trouver une réalité vieillie.
Chaque vitrail porte le nom de la localité qu’il représente. Ce qui le rend parfaitement identifiable. En revanche, l’auteur de cette belle œuvre se fait plus mystérieux. Très peu d’informations transpirent à son propos. Son nom est Charles Sarteur et il serait un dessinateur de renom. La seule trace qu’on garde de lui, hors vitraux, c’est un dessin à l’aquarelle, La bée de Brehec, réalisé en 1922 et aujourd’hui exposé dans un musée du Sénégal. Voilà malheureusement, le peu qu’on sait de celui qui permet à ce jour un voyage en images à travers la centaine de vitraux présents à la gare.
Comme Saint Lazare, d’autres gares offrent sous forme artistique une vue panoramique des sites qu’elles desservent. Ainsi en est-il de la gare de Paris Lyon où, une imposante peinture murale expose les merveilles touristiques du sud de la France. Cette fresque, réalisée de 1900 à 1981 par l’atelier Genovesio-Lemercier, est reconnue comme une œuvre picturale à part entière. On savait déjà que certaines gares étaient des chefs-d’œuvre architecturaux. Il faudra aussi admettre qu’elles ne déméritent pas sur le plan artistique.

 

Marie Tsila
 

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