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Le recrutement

Le Master 2 professionnel REDE est sélectif.

1. NOMBRE DE PLACES

Pour un encadrement optimal, la capacité d'accueil a été fixée à 20 places au maximum :

- des candidats titulaires d'un Master 1 ou d'un Master 2.

- des salariés en formation continue.

 

2. CANDIDATER EN 2013-2014

2.1. Vous êtes étudiant(e), titulaire d'un Master 1

2.1.1. SESAME

Pour candidater, vous devez passer par SESAME (http://sesame.u-paris10.fr/Candidat), le site d'inscription en ligne de l'Université Paris Ouest - Nanterre - La Défense.

Après la saisie informatique, vous pourrez télécharger un dossier de candidature, qu'il conviendra de retourner, dûment complété, au bureau des Masters.

2.1.2.  Calendrier

IMPORTANT :
1) Vous pouvez candidater même si votre diplôme de Master est en cours d’obtention (session de juin ou de septembre 2013) : il faudra alors fournir les premiers éléments de validation (notes du premier semestre, etc.)

2) Grâce au contrat de professionnalisation, il est possible de suivre la formation tout en étant stagiaire rémunéré dans une entreprise, aux deux semestres (semestre 1 : lundi et mardi en entreprise, mercredi à vendredi en formation à l’Université ; semestre 2 : lundi à vendredi en entreprise, vendredi après-midi en formation à l’Université). Si vous privilégiez cette forme d’alternance, il est vivement conseillé de trouver, avant le début de la formation, une entreprise qui propose des contrats de travail en alternance : les mois de juillet, août et septembre pourront être mis à profit pour rechercher cette entreprise d’accueil, avec l’aide du CREFOP (Centre des Relations avec les Entreprises et de la FOrmation Permanente de l’Université Paris Ouest). Voir sur le site du CREFOP les détails sur le contrat de professionnalisation ( http://u-paris10.fr/crefop   rubrique : « Infos pratiques »)

Les dossiers doivent parvenir complets avant le 1er juin 2013 (cachet de la poste faisant foi) :
- résultats de la sélection des dossiers (admissibilité) : mercredi 12  juin 2013.
- épreuve écrite : mercredi 19  juin 2013 (13h-16h, bâtiment L, salle L.205= second étage).
-résultats (admission) : mercredi 26 juin 2013.
-réunion d’accueil des candidats admis : mercredi 3 juillet 2013, à 14h. Cette réunion sera notamment l’occasion de présenter aux candidats admis les projets qui seront réalisés pendant l’année de formation, ainsi que le contrat de professionnalisation.

3.1.3. Quelques conseils

-Une candidature à un Master 2 sélectif ne s'improvise pas. Le jury demande aux candidats de soigner leur dossier de candidature : prenez le temps d'élaborer votre curriculum vitae et surtout de rédiger votre lettre de motivation, qui est décisive. Il va de soi que la correction de la langue française est une nécessité absolue pour des étudiants qui se destinent aux métiers de la rédaction et de l'édition.

3.2. Vous êtes salarié(e)

Pour candidater, vous devez passer par SESAME (http://sesame.u-paris10.fr/Candidat), le site d'inscription en ligne de l'Université Paris Ouest - Nanterre - La Défense.

Après la saisie informatique, vous pourrez télécharger un dossier de candidature, qu'il conviendra de retourner, dûment complété.

Les salariés en formation continue accèdent à la formation selon une procédure simplifiée : lettre de motivation, curriculum vitae et entretien.

IMPORTANT : Pour tout dossier concernant la formation continue, nous vous remercions de prendre contact au plus vite avec le CREFOP afin d’effectuer les formalités administratives de financement. Les dossiers de financement des OPCA sont à déposer impérativement 4 mois avant le début de la formation.


CREFOP (Centre des Relations avec les Entreprises et de la FOrmation Permanente de l’Université Paris Ouest – Nanterre – La Défense) :
Accueil 01 40 97 78 66 / 01 40 97 78 75 / accueil.crefop@u-paris10.fr .
Site Internet : http://crefop.u-paris10.fr

- Reprise d’études sur diplômes nationaux : Ling LIng SENG FU 01 40 97 78 65 / llsengfu@u-paris10.fr

- Contact Contrat de professionnalisation : Marie-Cécile GIRARD, 01 40 97 77 12 / mgirard@u-paris10.fr

 

3. LA SELECTION

3.1. Les principes de sélection

La sélection est conçue de façon à recruter des candidats dont le profil correspond aux métiers visés. Le jury se fonde sur trois éléments pour départager les candidats :

3.1.1. Le curriculum vitae

Le curriculum vitae joint au dossier de candidature permet d'apprécier la façon dont le candidat s'est formé (au sens actif et volontaire du terme) depuis le baccalauréat : sa formation universitaire, bien entendu, mais aussi tout ce qu'il a réalisé en dehors de son cursus (expériences professionnelles, activités significatives).

3.1.2. La lettre de motivation

Dans l'accès à des formations sélectives de Master 2, la lettre de motivation est décisive. Le candidat doit montrer :

-que son parcours antérieur (universitaire et extra-universitaire) lui permet de suivre les enseignements proposés.

-que la formation est en adéquation avec son projet professionnel, lequel doit être précis.

-qu'il est prêt à d'investir dans une formation exigeante.

A l'issue de l'examen des dossiers, le jury invite les candidats dont le profil a retenu son attention à se présenter à l'Université Paris Ouest pour une épreuve écrite de 3 heures.

3.1.3. L'épreuve écrite

 L’épreuve écrite consiste en un essai à partir d'un texte et d’une question. Elle est destinée à apprécier les capacités rédactionnelles des candidats (correction de la langue, aisance dans l'expression), leur réactivité et leur originalité dans des conditions similaires. Il ne s'agit pas de montrer qu'on connaît les derniers livres parus, chez tel ou tel éditeur : les sujets proposés nécessitent une vraie réflexion.

Vous trouverez, en bas de page, les sujets proposés à la session 2009.

3.2. Résultats de la sélection en 2009

Le Master 2 REDE a pour vocation d'accueillir les meilleurs candidats,  quelles que soient leur formation antérieure et leur Université d'origine. C'est ce qui explique la répartition  suivante des étudiants sélectionnés en 2009-2010 :

3.2.1. Master d'origine

-Master de Lettres : 68,75%

-Master de Philosophie: 6,25%

-Master d'Histoire de l'art: 6,25%

-Master d'Information et communication: 6,25%

-Master d'Anthropologie: 6,25%

-Master of Science in management: 6,25%

3.2.2. Master 1 / Master 2

-Master 1: 50%

-Master 2: 50%

3.2.3. Provenance géographique

-Région parisienne: 68,75% (dont Université Paris 2 : 6,25%; Paris 3 : 6,25%; Paris 4 : 25%; Paris Ouest : 25%; Cergy Pontoise : 6,25%)

-Hors Région parisienne: 31,25% (Bordeaux, Brest, Lille, Marseille, Reims).

 

4. L'EPREUVE ECRITE

Beaucoup de candidats nous demandent comment ils peuvent se préparer à l'épreuve écrite. Cette épreuve ne demande aucune préparation spécifique : c'est la façon dont le candidat traite le sujet qui est appréciée.

Voici, à titre indicatif, les sujets des sessions précédentes :

4.1. Vague 1 2009

4.1.1. Texte d'appui

Ce que je souhaite d’un critique littéraire et il ne me le donne qu’assez rarement c’est qu’il me dise à propos d’un livre, mieux que je ne pourrais le faire moi-même, d’où vient que la lecture m’en dispense un plaisir qui ne se prête à aucune substitution. Vous ne me parlez que de ce qui ne lui est pas exclusif, et ce qu’il a d’exclusif est tout ce qui compte pour moi. Un livre qui m’a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d’enfance ! Ce que j’attends seulement de votre entretien critique, c’est l’inflexion de voix juste qui me fera sentir que vous êtes amoureux, et amoureux de la même manière que moi : je n’ai besoin que de la confirmation et de l’orgueil que procure à l’amoureux l’amour parallèle et lucide d’un tiers bien disant. Et quant à l’ " apport " du livre à la littérature, à l’enrichissement qu’il est censé m’apporter, sachez que j’épouse même sans dot.
     Quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, que le métier de critique : un expert en objets aimés ! Car après tout, si la littérature n’est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu’on s’en occupe.

Julien GRACQ, En lisant en écrivant (178)

4.1.2. Question à traiter

Qu'est-ce qu'une bonne critique?

4.2. Vague 2 2009

4.2.1. Texte d'appui

L’ « univers narratif » des marques

En moins de quinze ans, le marketing est […] passé du produit au logo, puis du logo à la story ; de l’image de marque (brand image) à l’histoire de marque (brand story). A tel point que le titre du beau livre de Naomi Klein, devenu synonyme de résistance à la tyrannie des marques, pourrait s’entendre aujourd’hui comme une injonction du néomarketing : « No logo : stories ! »
Non que les marchandises et les marques aient disparu, elles sont bien là, toujours aussi présentes, mais elles ont perdu leur statut d’objet ou d’images « réifiées » : elles nous parlent et nous captivent, elles nous racontent des histoires qui collent à nos attentes et nos visions du monde. Quand elles sont utilisées sur le web, elles nous transforment nous-mêmes en storytellers, en colporteurs de récits. Car la fascination qu’inspire une bonne histoire nous pousse à la répéter.
Barbara B. Stern, professeur au département marketing de l’université de Rutgers, a mis en évidence l’influence croissante dans le marketing des formes littéraires comme la ballade, l’épopée, les métaphores, l’ironie : « Ce qu’est réellement le marketing des marques (branding), affirme-t-elle, c’est une histoire attachée à un produit. Lorsque vous avez un produit qui est identique à un autre produit, il y a différents moyens de le concurrencer. Soit – et c’est la solution stupide – on baisse le prix. Soit on change la valeur du produit en racontant une histoire. »
C’est devenu une banalité que de parler de fragmentation des valeurs, de perte de repères, d’éclatement des codes de conduite : les consommateurs ne seraient plus attirés par un produit, ni même par un style ou un mode de vie, mais par un « univers narratif ». Ainsi, en période de crise économique, lorsque le marketing de la nostalgie convoque le souvenir récurrent des âges d’or, ce sont des univers fortement narratifs qu’il mobilise, comme telle marque anglaise de meubles qui commercialise la collection Bogart pour glorifier le « retour à l’ère hollywoodienne la plus romantique pleine de style et d’élégance », ou la collection Ernst Hemingway qui incarnerait « la réputation et le respect » qu’inspirent l’auteur et « sa » ligne de meubles.
Face au pullulement des signes, explique le néomarketing, les consommateurs seraient à la recherche de récits leur permettant de reconstituer des univers cohérents. On estime aujourd’hui que les consommateurs dans les pays industrialisés sont exposés à quelque 3 000 messages commerciaux par jour. Les marques qui veulent surnager face à ce déferlement publicitaire doivent impérativement se distinguer, comme l’affirme Christian Budtz, auteur de Branding in Practice : « Votre société a-t-elle une histoire originale à raconter ? Une histoire si honnête, si captivante et si unique, que nous soyons prêts à payer pour en faire partie ? Les marques doivent se construire sur la base d’une histoire, une histoire honnête, authentique, et qui fait appel aux valeurs personnelles du consommateur… »

Christian SALMON, Storytelling, la machine à raconter des histoires et à formater les esprits, La Découverte, 2007, p. 36-37.

4.2.2. Question à traiter

Les récits peuvent-ils désormais échapper à leurs usages instrumentaux ? Vous tenterez d'étayer votre raisonnement à partir du plus grand nombre possible d'exemples.

4.3. Vague 1 2010

4.3.1. Texte d'appui

La profonde crise de diffusion, voire de crédibilité, que traverse la presse écrite participe du bouleversement global de la lecture en France. La massification de l'enseignement supérieur n'a pas entraîné, loin s'en faut, la poussée de lecteurs naïvement attendue à proportion du nombre d'étudiants. L'arrivée en masse d'inscrits dans les universités a, au contraire, érodé les processus classiques de prescriptions de lecture, pesé de son poids sur une modification des procédures d'enseignement, et poussé vers le bas —lectures fractionnées — là où il avait été espéré que chacun, tiré vers le haut par les exigences d'un enseignement jusqu'alors plutôt élitaire, devienne un grand lecteur. Si cette dernière catégorie —lecture de vingt livres et plus dans l'année — est en régression constante depuis quelques temps, le nombre des faibles lecteurs — lecture de deux livres minimum dans l'année — est en progression régulière, par la transformation, semble-t-il, de non-lecteurs en faibles lecteurs, plutôt que par dégradation des grands lecteurs.

Concurrencée par des médias d'images plus rapides, et qui mêlent l'information telle qu'ils l'entendent à leur objectif fondamental qu'est le divertissement, la presse a cédé aujourd'hui l'essentiel de la médiation à la télévision. Or le moteur de l'univers télévisuel n'est pas celui de la sphère écrite : il ne vise pas dans le présent la transmission pour demain ni la mémoire d'un savoir capitalisé dans le passé, seule l’instantanéité l'intéresse. Un divertissement ou un grand documentaire de qualité participent tous deux d'une logique spécifique à cet univers : agréger à un instant t le plus de téléspectateurs possibles pour vendre à des annonceurs, et au meilleur prix, ce public susceptible de montrer une réceptivité calculée et mesurable aux messages publicitaires.

C'est, on le notera également, la seule logique des journaux gratuits. Ce journalisme sans journalistes à tout le moins de journalistes enquêteurs, au profit d'un journalisme du « copier-coller », des dépêches d'agence, a pour objectif de tirer profit de la vente d'espaces publicitaires. Grâce, en effet, à leur distribution selon les horaires et les trajets à une population souvent très peu lectrice, ils s'assurent une diffusion sans commune mesure qui leur permet de vendre au plus haut des espaces publicitaires à des clients qui ciblent à leur tour les attitudes de consommation de ce lectorat selon revenus et classes d'âge : automobiles, téléphonie mobile, enseignes de grande distribution, etc.

Point n'est besoin d'être grand clerc pour savoir que seule une infinie fraction de la production éditoriale nationale peut trouver sa place dans l'implacable logique de la notoriété à l'audimat.

La crise de la presse écrite, longtemps le médium le plus attaché à rendre compte des livres, participe, répète-t-on à l'envi, de celle, générale, de la lecture, donc de l'écrit. Du moins est-ce la grande raison avancée, réelle assurément, mais dressée aussi en écran de fumée pour n'avoir rien à dire sur l'autre facteur de redoublement de la crise : celui, capitalistique, des rachats des titres par des groupes non plus de presse, mais de communication.

La différence est de taille : la communication, nul ne l'ignore, n'est pas l'information. Cette dernière relève du même ordre que l’écrit, partageant structurellement dans son travail et ses méthodes de grands éléments : temps de recherche et temps de rédaction, méthodes d'élaboration du sujet, consultation, voire constitution, des archives et mise en perspective historicisante, sans oublier, véritable casse-tête le plus souvent, l'articulation subtile du procédé d'investigation et du procédé d'exposition.

À l'opposé, la communication s'inscrit dans le même univers que les médias télévisuels. Ils ont, eux, en commun l'univers de l'image en flux, l'émotion en lieu d'analyse, le slogan par jeu sur les mots et non pas la proposition de sens fondée sur la phrase, le présent sans passé ni lendemain, l'événement sans suite et l'immédiateté sans mémorisation, et de plus en plus l’individualisation forcenée du cours des choses nécessaire à une dramaturgie savamment construite autour de quelques personnages télégéniques et soucieux de ne pas ternir leur image par le goût de la complexité du monde réel. L’écume des jours, pour la communication et la télévision, est la mise en fiction du réel alors que, pour l'écrit, elle n'est que la manifestation des forces historiques, sociales, culturelles qui travaillent en profondeur ce réel.


Eric Vigne, Le Livre et l’éditeur, Klincksieck, 2008

4.3.2. Question à traiter

Dans cet extrait de son ouvrage Le Livre et l’éditeur, Eric Vigne commente la manière dont la crise de la presse écrite affecte l’univers du livre. Que pensez-vous de cette analyse ?

4.4. Vague 2 2010

4.4.1. Texte d'appui

Comme le soulignait en 1999 l’historien Robert Darnton, dans un article resté célèbre (”The new age of books”, cf. http://www.nybooks.com/articles/546), l’idée qui a motivé le passage à l’électronique de la production scientifique était que, via les réseaux, les circuits de diffusion étaient moins coûteux que par le biais d’une production et d’une diffusion manufacturée traditionnelle (publication papier, cédérom, etc.). Du fait de leur fragilité, les revues réfléchissaient en terme d’économie, d’allègement des coûts… Et en effet, l’édition électronique a pour premier avantage de permettre de réaliser des économies sur le circuit de distribution et sur le circuit de fabrication : les coûts sont très faibles par rapport aux coûts de diffusion traditionnels qui nécessitent une fabrication à l’unité, une gestion de stocks, une expédition, du transport, un circuit commercial de détaillants, etc.

Autre enjeu, celui de la diffusion. Pour la plupart des revues, qui rémunèrent rarement leurs auteurs et ont pour seul objectif de couvrir leurs frais de fabrication et de diffusion, le Net semblait pouvoir résoudre le problème de leur diffusion et de leur visibilité.

La question économique allait donc au-delà de celle des coûts : face à l’explosion du nombre d’articles et de revues, et à la faiblesse du lectorat, il s’agissait de montrer qu’il y avait un modèle économique sur l’internet adapté à la diffusion scientifique. Et ce d’autant plus que la publication scientifique disposait souvent de publics très identifiables, numériquement réduits et géographiquement dispersés.

Ce qui était plus difficile à évaluer était de savoir si les scientifiques accompagneraient cette transformation. S’adressant à des catégories socioprofessionnelles supérieures, très fréquemment équipées en matériel informatique, connectées, familiarisées avec d’autres procédés électroniques (comme l’e-mail), il semblait légitime de penser que ce serait le cas. Pourtant, il en a été différemment, en grande partie parce que l’appropriation de nouveaux modes de communication demeure lente et parce que les changements de mentalités sont encore plus lents. Les processus de rédaction établis n’ont pas intégré l’électronique, sinon au travers de l’échange de documents via l’e-mail. D’autre part, une publication électronique est moins “valorisée” ou “valorisante” sur un CV de chercheur qu’une publication dans une revue papier établie. Le manque de sensibilisation à cette question tient donc autant à des questions de représentations que de formation.

Surtout, l’enjeu est vite devenu commercial. Sous l’impulsion des grands éditeurs “anglo-saxons”, les revues au format électronique sont rapidement devenues un nouveau mode de diffusion du savoir aux modalités financières précises. Les bibliothèques se sont vues proposer, dans un premier temps, des abonnements aux formats électroniques des revues papiers qu’elles recevaient déjà : c’était pour elles l’occasion de trouver à la fois de nouveaux publics et des solutions innovantes à leurs problématiques traditionnelles de conservation. Depuis le début de cette “révolution”, le prix des abonnements aux versions électroniques des revues n’a cessé de grimper : les éditeurs vendant à des consortiums de bibliothèques des paquets d’abonnements à des revues de plus en plus nombreuses mettant en danger l’économie de nombreuses revues techniquement dépassées. Autrement dit, les grands éditeurs ont profité de l’ électronique pour renforcer la concentration du marché.

La transformation des conditions de diffusion a donc modifié les conditions d’accès à l’information. Stevan Harnad, dans un article au titre un peu alambiqué (“Lecture et écriture scientifique “dans le ciel” : Une anomalie post – gutenbergienne et comment la résoudre”), a bien posé ce problème d’accès en donnant, entre autres exemples, celui d’un jeune doctorant qui arrive plus facilement à télécharger de la musique qu’à accéder à son article publié dans une revue scientifique.

La mise en place par les éditeurs privés voire par des éditeurs universitaires de barrières de péage commerciales de plus en plus prohibitives sur l’économie de la connaissance a eu pour effet contraire de faire réagir les scientifiques et de donner naissance au mouvement des archives ouvertes. Les initiatives d’accès ouvert aux informations scientifiques – Déclaration de Budapest (février 2002, http://www.soros.org/openaccess/fr/read.shtml) ou de Berlin (octobre 2003, http://www.inist.fr/openaccess/article.php3?id_article=38) – , ont ainsi reçu un fort soutien de la communauté des chercheurs favorables à ouvrir au plus grand nombre la consultation de leurs productions.

Dans le même temps, ce sont constituées les premières revues en accès libre, dont les premiers titres de la “Public Library of Science” (PLoS : http://www.plos.org) sont l’exemple emblématique (voir http://www.fing.org/index.php?num=4174,2 et http://www.fing.org/index.php?num=4843,2). Ces revues, fondées sur le principe du libre accès, sont accessibles gratuitement sur l’internet (les versions papiers demeurent payantes), contrairement à la plupart des autres plate-formes qui facturent la consultation en ligne. Ce sont les laboratoires auxquels appartiennent les chercheurs dont les travaux ont été sélectionnés qui doivent s’acquitter d’une somme forfaitaire pour publication et non pas les campus ou les bibliothèques qui doivent payer leur abonnement.

Au final, le débat sur l’accès gratuit/payant masque bien souvent l’appréhension des éditeurs et des auteurs face à des enjeux qu’ils maîtrisent mal. Le faux débat qui oppose des modèles économiques commerciaux et non commerciaux conduit parfois à des modèles iconoclastes où les universités, censées diffuser la connaissance, en viennent à mettre des péages sur leur production alors que celle-ci est produite par des universitaires salariés sur des fonds publics, dans des revues bien souvent subventionnées… Pourtant, le choix d’un modèle économique particulier ne devrait pas influer sur les modalités de recherche. Que l’accès à un article particulier soit payant, tout le monde est capable de l’entendre. Mais que la recherche dans les métadonnées et dans l’intégralité des textes des articles soit fermée dans des bases de données concurrentes pose là un problème scientifique majeur.

Hubert Guillaut, « Les enjeux de l’édition électronique scientifique »
(extrait d’un article posté sur Actu.net)

4.4.2. Question à traiter

Cette analyse de l’édition électronique scientifique peut-elle être étendue, selon vous, à l’édition électronique dans son ensemble ?