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« Watchmen » de Zack Snyder (2009)

sarah.rashidian - Posted on 26 février 2009

Avant de voir « Watchmen », j’ai visionné, comme à mon habitude, la bande-annonce, à plusieurs reprises même, et je ne sais pas si cela vient de moi, mais je n’ai pas compris grand-chose. Mon instinct me trompe rarement et j’arrive généralement, à partir de la bande-annonce, à déterminer si le film va me plaire ou non. Je suis donc allée à la projection avec le sentiment que je n’allais pas être entièrement satisfaite. Pourtant, je suis vraiment fan des films de super-héros, mais « Watchmen » m’avait l’air d’être bien plus que cela.

Le film

1985. Une Amérique en pleine guerre froide, où la tension avec l’Union Soviétique ne cesse de s’accroître et où tout le monde craint une attaque nucléaire qui mènerait à l’apocalypse. Dans ce monde de terreur, on a interdit aux personnages masqués d’exercer leur activité. Une nuit, le « comédien », un super-héros retraité se fait assassiner. Cela soulève maintes interrogations au sein de son ancienne légion, qui se rassemble à nouveau afin de persévérer dans la protection de l’humanité et d’élucider ce crime. Qui est le responsable ? Pourquoi l’a-t-on tué ? Les autres membres de la légion sont-ils, eux aussi, en danger ?

« Watchmen » nous offre une histoire plutôt originale et intrigante. Le film insiste sur les faiblesses de ces justiciers, sur leurs contraintes et les enjeux auxquels ils doivent faire face. De même, on trouve des dimensions politiques et historiques, et c’est en ce point que le film se distingue réellement des films de super-héros traditionnels. Mais n’est-ce pas un peu trop ? Pouvons-nous prendre le film au sérieux lorsqu’il mêle ainsi des faits historiques et des justiciers masqués ? Si vous, vous le pouvez, moi, je n’ai pas pu. On ne sort pas pour autant de ce film impassible : on passe nécessairement un moment agréable, car on est tout de même face à un travail de génie et à des effets spéciaux remarquables.

Une histoire complexe

L’histoire est franchement compliquée ! Au départ, il y a un enchaînement interminable de photos pour poser la situation initiale : aucune parole, juste des images, donc très peu parlant. C’est grâce aux nombreux flash-back du film que l’on comprend, petit à petit, le pourquoi du comment. Mais il y a tout de même beaucoup de choses à assimiler : le contexte historique, les raisons du meurtre du « comédien » et l’histoire de chacun des super-héros. Bref, ce n’est pas incompréhensible, mais il y a tellement de choses à savoir pour comprendre que l’on se perd à plusieurs reprises.

De « faux » super-héros

Le réalisateur a eu une initiative intéressante : choisir des acteurs peu connus du grand public. De telles initiatives doivent être encouragées, mais le résultat est plutôt étrange. En effet, que ce soit voulu ou non, on est face à des justiciers que l’on a du mal à prendre au sérieux et auxquels on ne s’attache pas. Que ce soit leur physique ou leur costume, rien n’est parfait, alors que les super-héros sont censés l’être. • « Rorschach » (Jackie Earle Haley), derrière son masque, est vieux, mal rasé et ressemble plutôt à un taulard schizophrène. • « Le hibou » (Patrick Wilson) suit les traces de Clark Kent et Peter Parker avec ses lunettes rondes, mais avec ou sans costume, il fait penser à un intellectuel raté et à un puceau. • « Ozymandias » (Matthew Goode) rappelle ces milliardaires de la jet-set, jamais décoiffés, d’un blond parfait, très efféminés… • « Dr Manhattan » (Billy Crudup), lui, est parfait quand il est humain, mais dès qu’il devient bleu, il ressemble plutôt au bibendum de Michelin. • « Le spectre soyeux » (Malin Akerman), enfin, s’apparente plus à une stripteaseuse mal maquillée…

Pourquoi ne pas avoir conservé ces surhommes parfaits ? Pour insister sur leurs faiblesses ? Pour les humaniser un peu ? Peut être, mais visuellement, c’est plutôt dommage.

Trop de sexe, trop de violence

D’autre part, en choisissant d’introduire dans le film des scènes gores et sexuelles, le réalisateur a sérieusement diminué son public. N’emmenez pas vos enfants voir « Watchmen » : ils ne comprendront rien et ils sortiront traumatisés. On sait que c’est le style de Zack Snyder, on se souvient de « 300 » ; mais trop, c’est trop. Pour la violence, il est vrai que c’est tellement exagéré et décalé que cela en devient amusant. Mais comme dans « 300 », où on est témoin d’une scène plutôt longue où Léonidas fait l’amour à sa femme dans toutes les positions, on a le même genre de scène ici entre le « spectre soyeux » et le « hibou », et autant dire qu’on est à la limite du pornographique. Bref, des gens qui explosent, des doigts, des jambes et des bras qui cassent, des fesses en veux-tu, en voilà : « Watchmen » est déconseillé aux âmes sensibles.

Je suis donc bel et bien sortie de la salle déçue, et mon instinct, encore une fois, ne m’a pas trompée. Il y a, dans « Watchmen », quelques répliques très bien trouvées qui m’ont offert de courts instants de bonheur, beaucoup d’humour, une histoire bien ficelée, des effets spéciaux remarquables, des scènes de combat à couper le souffle, mais le film reste très moyen, très long (2h47 !) : la forme a pris le dessus sur le fond.

Sarah Rashidian (L2)

PS : Pour un autre point de vue sur le film, lisez l'article de Matthew, qui a également assisté à l'avant-première !

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