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Les chansons d'amour

louise.dupraz - Posted on 09 décembre 2009



                                   C’est en musique que Christophe Honoré nous livre , entre Dans Paris et La belle personne, le second film de sa trilogie parisienne sur le thème d‘un paris hivernal, du marivaudage amoureux ou des liens entre la passion et la mort, Les Chansons d’amours. Ecrites par Alex Beaupain (certaines sont tirées de son album sorti en 2005, Garçon d‘honneur), 15 chansons pour raconter l’histoire d’Ismaël, interprété par l’excellent Louis Garrel, de sa compagne Julie (Ludivine Sagnier), d’Alice (Clotilde Hesmes). Un trio époustouflant confronté à la vie dans toute sa beauté mais également dans toute sa tristesse. Le film tire avantage de son manque de moyens et de la rapidité de sa réalisation, insufflant aux enchainements de l’action une énergie et une légèreté rares dans le cinéma français actuel. Rien de superflu, les personnages vont droit à l’essentiel c’est-à-dire à la fulgurance des sentiments, ils tourbillonnent, s’abandonnent, souffrent et s’aiment sans compromis tout au long de l’intrigue, dans le Paris du Xème arrondissement, Paris sombre, Paris triste «  Il pleut des cordes sur le génie / De la place de la Bastille/ Nous marchons sous un ciel gris/ Percé par des milliers d’aiguilles » chante Julie.
                     Honoré traite du sujet le plus douloureux qui soit, la disparition d’un être aimé et c’est le parcours de chaque personnage face à cette perte terrible que nous suivons à travers les trois parties de l‘histoire, explicitement nommées, le départ, l’absence, le retour référence direct aux Parapluies de Cherbourg qui suit exactement le même schéma. D’ailleurs, Honoré revendique l’héritage de la nouvelle vague ; il a en effet prononcé devant la presse les noms de Truffaut et de Demy comme ses principales sources d’inspiration. On retrouve dès le début des références à la nouvelle vague, le premier plan de Ludivine Sagnier de dos est la copie de Catherine Deneuve dans les Parapluies de Cherbourg (Demy), le ménage à trois est celui de La maman et la putain (B.Laffont, F.Lebrun, JP.léaud). Honoré se rapproche de Démy également par son désir de voir les dialogues musicaux intégrés au fil, ce qu’il a tout fait bien réussi, on peut néanmoins reprocher au réalisateur de manquer d’originalité, presque de "recracher" les leçons apprises par cœur des films de la nouvelle vague.
                   Cela n’empêchant pas d’apprécier la qualité du film, on retiendra la performance de Chiara Mastroianni, qui interprète la sœur de Julie, un petit rôle particulièrement poignant,;cette actrice incarne d’ailleurs le personnage principal du dernier film d’Honoré : Non ma fille tu n’iras pas danser.
                    Les chansons d’amour est un beau film qui gagne à être vu , et qui tout en douceur nous met le vague à l’âme, un petit chef d’œuvre cinématographique à voir et à revoir.

Louise Dupraz (L1 Humanités)

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