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«Black music: des chaînes de l'esclavage aux chaînes en or»


Les avancées et étapes du peuple noir en musique.

 Back music :des chaînes de fer aux chaînes en or est un documentaire diffusé pour la première fois sur Arte en 2008, dans lequel le réalisateur Marc-Aurèle Vacchione retrace les grandes étapes du peuple noir américain (abolition de l'esclavage, ségrégation dans le sud, mouvements des droits civiques ...) et évoque ses grandes figures (Martin Luther King, Jesse Jackson, Malcom X, Rosa Parks, etc.) à travers l'évolution de la musique afro-américaine et ses styles successifs, des Negro Spirituals au Jazz, du Rhythm’n’blues à la Soul, au Funk, au Rap - et on peut désormais ajouter le Dirty South (1) ainsi que le Gangsta Rap (1).

Ce documentaire nous plonge dans un univers paradoxal, violent, et périlleux, dans lequel le racisme et la ségrégation règnent. Jamais l‘histoire et la musique n‘avaient semblées si unies. «Observer l'évolution [de la musique] noire Américaine, c'est observer le parcours de libération [des Afro-Américains]», déclarait le réalisateur lors d'une interview accordée à Télérama.

En effet, la musique a été un moteur essentiel dans l'émancipation des Afro-Américains ainsi que dans l'acceptation de «l'identité noire». L'héritage africain n'est plus, à partir de ce moment, considéré comme « un’ ignoble ascendance» , mais au contraire comme une richesse : c'est la période «I'm black and proud», avec pour «leader» James Brown (période de revendication de son «identité noire»). Chaque avancée des noirs dans leurs nombreux combats a été célébrée par la musique, par le rythme et par la danse  Souvenons-nous des «Works songs», chants des esclaves pour communiquer entre eux lorsqu'ils travaillaient dans les champs de coton, du Negro spiritual (célébré par le pasteur Martin Luther King dans son fameux discours «I have a dream»), musique vocale sacrée née chez les esclaves noirs des Etats-Unis au XVII ème siècle: toutes ces chansons ont permis aux esclaves de supporter la dureté de la vie et de mener à bien leurs combats. À chaque époque son style musicale, comme ce document le met bien en évidence.

Documentaire historique et musical à la fois, «Black music» met en avant le non-conformisme et l'originalité des artistes afro-américains ( Louis Armstrong, Sydney Bechet, NWA, Jelly Roll, James Brown, Public Ennemy, Run DMC, Last Poets( 2) ,etc.) à travers les transformations progressives de la musique, du Ragtime au Blues en passant par le Jazz(3) ainsi que le Funk et le Be-bop. L'histoire n'est pas pour autant reléguée au second plan. Le réalisateur fait de ce documentaire un bilan sur l'histoire du peuple noir et montre à travers des images d'époque comment l'esclavage s'est transformé en ségrégation raciale. La naissance du Ku Klux Klan en 1862 a contribué à la mort de plus de trois cent mille cinq cent noirs après la guerre de Sécession (1861-1865).

Ce documentaire captivant comble nos lacunes sur la connaissance de l'histoire du peuple noir et sur l'histoire de la musique en général. Le but du réalisateur est donc plus qu’atteint : il a réussi à «raconter plus d’un siècle et demi de l’histoire du peuple noir Américain en moins de deux heures» ( propos tenus par Marc-Aurèle lors d‘une interview accordée à un journaliste de Télérama). Partant d’un sujet léger comme celui de l’évolution de la musique, le réalisateur arrive à aborder des sujets plus sensibles comme le racisme ou l’image des noirs dans la société d’hier et d’aujourd’hui. Marc-Aurèle fait un travail de mémoire pour inviter les téléspectateurs à en faire de même de leur côté. La souffrance due à l’esclavage est encore présente dans les mémoires, notamment dans l’univers du hip-hop (4), où règne l’hostilité envers le white boy. À travers ce documentaire, Marc-Aurèle permet aux téléspectateurs de mieux comprendre ce présent.

 

 

(1) Deux formes de musiques violentes issues du rap.

(2) Chanteurs ayant contribué a politiser la musique comme l’ont fait les last poets avec des lyrics, tel « Niggers are scared of revolution but niggers shouldn’t be scared of revolution because revolution is nothing but change and all niggers do is change ». Ces chanteurs sont à la recherche de changements, d’une évolution de la situation des Afro-Américains.

(3) Né aux États-Unis au XX ème siècle, c’est un mélange entre Works Songs, Gospel et Negro Spirituals.

4) Le Hip-hop est différent du rap, bien que les deux soient souvent confondus. Le Hip-hop est un mouvement culturel englobant différentes formes d’arts, dont le Rap.                                                                                                                                                 

                                                                                                                Marie Dorcelus (L1 Humanités).

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