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déc.
12

Ma vie d'homme de Philip Roth


   S’il n’est le plus grand, Philip Roth reste un des principaux auteurs contemporains américains encore vivants. Il a aujourd’hui soixante-seize  ans et son passé littéraire est lourd : vingt-huit romans à son actif. Il connait son premier vrai succès en 1960 lors de la sortie de son recueil de nouvelles Goodbye Colombus pour lequel il reçoit le prix du «National Book Award» ; puis en 1966 avec  Portnoy et son complexe qui devient très vite un best-seller.
Une partie de l’œuvre de Philip Roth est consacrée à son personnage Nathan Zuckerman, héros de neuf romans, que l’on peut qualifier, par de très nombreux points, d’alter ego de Philip Roth.
On peut aussi citer un autre cycle, bien que beaucoup plus court, celui du personnage de David Kepesh, composé de trois romans aux sujets parfois tendancieux mais au style léger et divertissant.
Hormis ses allusions autobiographique dans ses romans, Philip Roth est un homme très discret et ne donne que très peu d’interview, sa vie privée est donc très mystérieuse, voilà pourquoi il est peut-être si intéressant. On connait néanmoins son origine juive très souvent évoquée dans ses romans sans jamais être le centre de celui-ci. 
En raison de 20 de ses livres ayant reçu un prix littéraire tout laisse penser que le jour où Philip Roth recevra le prix Nobel de littérature ne saurait tarder encore trop longtemps.

  Le roman que j’ai choisi de présenter a été écrit en 1976, et nous livre un beau roman autobiographique. En effet Ma vie d’homme est une mise en abîme très bien ficelée par Philip Roth qui divise son roman en deux parties. La première, « Fictions utiles » contient les deux nouvelles de Peter Tarnopol, et la deuxième, intitulée « Ma véritable histoire » est le récit de vie de Peter Tarnopol fait par Philip Roth. Le découpage peut paraitre complexe au premier abord mais il se trouve en fait qu’une fois terminé on en découvre toute la richesse littéraire et stylistique.

   Le personnage principal, Peter Tarnopol, semble être ici le véritable alter ego de Philip Roth : un professeur-auteur juif, racontant sa difficile et traumatisante expérience du mariage avec une femme dérangée et dangereuse. Il essaye d’en sortir mais cette dernière refuse de lui accorder le divorce. Son seul remède à l’enfer qu’est sa vie avec cette femme est d’écrire des nouvelles en prenant pourpersonnage Nathan Zuckerman (le personnage de Philip Roth dans L’écrivain des ombres,  Pastorale américaine, La tache, et récemment Exit le fantôme ).

   Il s’agit d’une œuvre étrange et complexe, cet aspect se trouve dans la deuxième partie du roman et plus principalement dans le personnage de Maureen, la femme de Peter Tarnopol. Toutes les autres conquêtes de cet homme ne sont qu’un prétexte pour parler de celle qui a bouleversé et gâché sa vie. Les deux personnages sombrent peu à peu dans la folie. Elle est violente, hurle et lui ment. Tout au long du roman elle prend comme un plaisir malsain à le rabaisser, chaque fois plus violemment. Elle l’humilie, dans l’intimité et en public, elle lui fait croire à l’arrivée d’un enfant en achetant de l’urine à une mendiante, le pousse à l’épouser en échange d’un avortement. Il ne peut plus écrire, ne peut plus vivre. Il la trompe, fuit, et finit par perdre pied, en allant même jusqu‘à tenter de la tuer.

  On retrouve le thème récurrent et parfois même un peu obsessionnel de l‘auteur, à savoir le professeur universitaire et adepte de relations « privilégiées » avec ses jeunes élèves. L’extrême salacité, mais néanmoins nécessaire à l’équilibre du roman, vient une fois de plus nous surprendre sans pour autant nous choquer et ceci, grâce au talent indéniable de Philip Roth, successeur des réalistes.

 

Charlette Lucas L1 Humanités.

 

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