• Mise en bouche

On commençait à se demander si Charles Villeneuve, président du P.S.G jusqu’au 23 janvier dernier, jour où il à remis sa démission au conseil d’administration du club, avait rédigé cette lettre par simple méconnaissance du fonctionnement d’un club de foot, par manque d’expérience ou tout simplement par bêtise - en somme, s’il était mauvais cuisinier. Dans cette lettre, rappelons-le, l’ex P.D.G du P.S.G  demandait les pleins pouvoirs et dénonçait la mauvaise situation financière du club. La publication « malencontreuse » de cette lettre dans le quotidien Le Parisien  avait contraint Charles Villeneuve à démissionner face à la réprobation du conseil d’administration. On comprend aujourd’hui, alors que la mayonnaise commence à prendre, que l’homme avait tout prévu.

• Les ingrédients

Nommé à la tête du P.S.G. en mai 2008, Charles Villeneuve a préparé sa soupe avec soin pour la faire boire à tout le monde sans que personne la recrache. Peu apprécié, au début, des supporters, l’ancien directeur des sports de la chaîne TF1 a su s’attirer les faveurs du public en recherchant des épices rares et en faisant venir des joueurs de renom, comme Claude Makelele et Ludovic Giuly, et de jeunes talents comme Stéphane Sessegnon ou Guillaume Hoarau. Difficilement acquis, le soutien des supporters a cependant été rapidement renforcé par les résultats plus que prometteurs obtenus par le club, aujourd’hui troisième du championnat et seul club de Ligue 1 encore en lice dans quatre compétitions officielles (UEFA, Championnat, Coupe de la ligue et Coupe de France). C’est donc une saison particulièrement savoureuse que Charles Villeneuve a concoctée, à son poste de chef cuisinier.

• La petite touche perso

En cuisine, le président s’organise, fait sa sauce, recherche des épices exotiques. Il entretient notamment des relations avec des milliardaires d’Abu Dhabi, où il est aperçu en novembre dernier en compagnie d’Al-Fahim et de Bin Zayed, qui ont récemment racheté le club de Manchester City et défrayé la chronique en proposant des sommes astronomiques (environ 200 millions de dollars) pour acheter à l’AC Milan, le Brésilien Kaka. C’est là la petite touche perso, l’ingrédient secret de la recette du P.D.G du Paris Saint-Germain, mais dont personne n’a encore connaissance. Le piquant de ces relations prend une tournure officielle lorsque, aux alentours du 12 janvier 2009, l’ex militaire déjeune avec le maire de Paris, Bertrand Delanoë, pour lui expliquer sa recette miracle, cette recette qui ferait du P.S.G un grand club européen (informations 10 sport). Villeneuve a ainsi réuni tous les ingrédients et est prêt à concocter un plat qu’il va laisser mijoter à petit feu.

• La touche finale et le temps de cuisson

Le 15 janvier 2009, Charles Villeneuve ajoute la touche finale à sa recette, le coup de patte du chef, et envoie une lettre aux actionnaires et administrateurs du club dans laquelle il réclame les pleins pouvoirs et demande des fonds supplémentaires, en dénonçant la mauvaise situation financière du club. Cette lettre tombe « malencontreusement » entre les mains  des rédacteurs du  Parisien, qui la publient dès le 17 janvier. La casserole est sur le feu et la réaction n’attend pas : le conseil d’administration bouillonne et tous les administrateurs du club décident, dès le 18 janvier, lors d’une réunion extraordinaire, de démissionner pour provoquer la fin du mandat de Charles Villeneuve. Par cette manipulation administrative, le président du club se voit obligé de démissionner, ce qu’il fait officiellement le 23 janvier 2009. Le conseil d’administration pense alors être débarrassé du « gêneur », mais Charles Villeneuve laisse patiemment mijoter son plat…

• Le dessert est dur à avaler, mais comme on dit, "plus c’est gros, mieux ça passe"

 
Le 2 février 2009, à la veille de la désignation par les actionnaires du club du nouveau président du P.S.G., est révélé dans la presse (10 sport) ce qui pourrait être la recette miracle de Charles Villeneuve : l’homme aurait négocié le rachat du club pour environ 100 millions d’euros avec les milliardaires d’Abu Dhabi cités plus haut, et ce, dans des conditions suivantes : il retrouverait un poste important au club, le contrat d’Arsène Wenger, actuellement manager d’Arsenal, serait racheté par les deux milliardaires pour que celui-ci puisse occuper un poste équivalent au P.S.G, et Didier Deschamps remplacerait Paul Le Guen au poste d’entraîneur. Personne n’a rien vu venir, et surtout pas les administrateurs du club, qui se sont mis hors jeu tout seuls en démissionnant et en s’opposant ouvertement à Charles Villeneuve. Les actionnaires, quant à eux, et Sébastien Bazin, le premier, se frottent les mains à l’avance de la revente du club qu’ils n’ont acheté que 24,5 millions d’euros et sur lequel ils risquent de réaliser une plus value de 75, 5 millions  d’euros. Bien évidemment, rien n’est fait et tout cela semble trop gros pour être vrai, mais comme chacun sait, "plus c’est gros et mieux ça passe".

 • Il va maintenant falloir digérer

Grâce ou à cause d’un cuisinier qui avait tous les ingrédients dans sa besace, l’avenir du Paris Saint-Germain s’écrit peut-être en pétrodollars, et c’est sans doute une nouvelle recette que Charles Villeneuve est en train d’écrire dans le livre de cuisine déjà bien garni du P.S.G. La situation devrait se décanter dans les jours qui viennent et on devrait y voir plus clair dans ce bouillon encore trop chaud. Dans quelques jours, c’est le visage du championnat de France qui va peut être changer, avec les bénéfices mais aussi les inconvénients qui viennent avec les dollars…

Mathieu HEMONO (L2)