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janv.
11

Victor Hugo : Le dernier jour d’un condamné (1829)

 

 

Personnalité intellectuelle et politique engagée du XIXème siècle, Victor Hugo a publié en 1829, alors qu’il était âgé de vingt-sept ans, un récit qui est un véritable réquisitoire contre la peine de mort : Le dernier jour d’un condamné. Ce récit, qui  se présente sous la forme d’un journal, nous dévoile les pensées et sentiments d’un condamné à mort du début de son calvaire jusqu’au dernier instant. A la date de sa publication, la légitimité de la peine de mort commençait précisément à être remise en question, et il a de fait joué un rôle important auprès du grand public, même si certains l’on jugé inefficace.

Il faut souligner tout d’abord que Victor Hugo, dans son livre, ne nous renseigne pas sur le crime qu’a commis le condamné. En effet, même si  nous savons que celui-ci est coupable, à aucun moment il n’est question de la monstruosité de son acte. Hugo  préfère bien plutôt s’intéresser à la psychologie du condamné et mettre en lumière la cruauté de la peine de mort. Il est évident qu’à ses yeux, ce qui est important, ce n’est pas tant l’acte en question que l’application de la peine. Comme il le disait lui-même, c’est une « une plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés Â».

Ensuite, Hugo montre durant tout le récit que la souffrance psychologique qui assaille le condamné à mort est en fait bien plus cruelle que la souffrance physique qu’il endurera au moment de l’exécution. Dans son récit, six semaines intolérables s’écoulent avant que la sentence ne soit exécutée. Et ces semaines prennent la forme d’une véritable agonie, d’autant plus cruelle qu’elle se déroule dans l’indifférence générale.  

En effet, ce qui ressort du récit de Hugo, c’est que dès lors qu’il est désigné comme criminel, le condamné n’est plus vraiment un homme aux yeux de la société : il n’existe plus en tant que tel et sa souffrance ne concerne  plus personne. C’est d’ailleurs sans doute pour contrer cette idée que l’écrivain s’est attaché à plusieurs reprises à mettre en avant l’humanité du personnage. En insistant sur la sensibilité de celui-ci face à des choses très simples telles que le bruit des oiseaux, l’air frais venant de l’extérieur, l’étendue du ciel… Ou bien en évoquant sa vie passée. Nous découvrons alors qu’avant de commettre un acte irréparable, le condamné était quelqu’un de tout à fait ordinaire : un père aimant, et un homme vivant pleinement sa vie.

Enfin, Hugo remet clairement en cause l’efficacité de la peine de mort de deux manières différentes. Tout d’abord en nous montrant qu’elle ne conduit pas le condamné à se repentir : celui-ci est si obnubilé par la mort, dont la pensée l’obsède jour et nuit, qu’il ne parvient pas à éprouver le moindre remords, bien qu’il en ait le désir. Et ensuite, en nous dépeignant une foule assoiffée de sang, attendant avec impatience le moment de la décapitation, tel un spectacle. Se trouve alors suggéré que la peine de mort, en définitive, loin d’être leçon pour la société, est bien plutôt, pour elle, un acte de vengeance.

En France, la dernière exécution capitale en public a eu lieu en 1939, et la dernière exécution capitale, en 1977. Il a fallu attendre Robert Badinter en 1981 pour que la peine de mort soit abolie. Pourtant, aujourd’hui encore, certains continuent de remettre en cause cette abolition et proposent de recourir à référendum sur la question.

Lise Chevalier – L1 Humanités

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