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“Million Dollar Baby” (2004) & "Gran Torino” (2008) : On s’attache et on s’empoisonne (2/4)

sarah.rashidian - Posted on 21 février 2009

     Si vous avez vu, il y a cinq ans, "Million Dollar Baby", "Gran Torino" vous paraîtra un peu familier, car la structure des deux films est très similaire. Clint Eastwood y joue le personnage principal, un homme seul qui s'attache à quelqu'un de plus jeune que lui, qui lui redonne l'espoir d'une vie meilleure. Mais cet espoir est vite remplacé par un drame.

 

[flash http://www.allocine.fr/blogvision/18857742]

 

     « Million Dollar Baby » et « Gran Torino » sont deux films où l’on bénéficie de la présence du grand Clint Eastwood. Il y interprète plus ou moins le même personnage : un être solitaire, malheureux, aigri, cynique, plein de regrets, au passé sombre, avec un sérieux manque affectif. Détestable à première vue, il cache bien son jeu, et à l’instar des personnages avec qui il se lie d’amitié dans le film, nous apprenons, nous aussi, à le connaître et à l’aimer et on est le plus souvent très ému. Ces deux histoires se ressemblent beaucoup. Un homme qui n’a personne, ne fait confiance à personne et est renfermé sur lui-même apprend à aimer. Dans les deux cas, il a d’énormes problèmes relationnels avec sa famille, et surtout avec ses propres enfants. Quand il rencontre Maggie (« Million Dollar Baby »), il lui donne tout ce qu’il n’a pas pu donner à sa fille, avec qui il n’a jamais été proche. Quand il rencontre Thao (« Gran Torino »), il le prend en charge comme son propre fils, veut l’éduquer et lui apprendre la vie afin qu’il devienne quelqu’un de bien. A côté, il ne supporte plus ses fils à lui et encore moins ses petits enfants, qu’il trouve mal élevés (et qui le sont !).

 

« Million Dollar Baby » est un film très émouvant. Lorsqu’il rencontre Maggie Fitzgerald, Frankie Dunn ne trouve pas seulement une compagnie agréable : ensemble, ils s’entraident et comblent le vide qui dominait leur vie. Maggie non plus n’a jamais été proche de sa famille ; sa mère et ses sœurs n’approuvent pas du tout la passion pour la boxe de ce « vilain petit canard » de la famille. Frankie, lui, l’aide à réaliser son rêve : monter sur le ring. Elle, à son tour, lui apporte un repère ; elle est jeune et pleine d’espoir, à peu près tout le contraire de Frankie, qui va être revigoré. C’est magnifique de voir s’attacher l’une à l’autre deux personnes qui n’avaient rien, de les voir retrouver espoir et prendre un nouveau départ ensemble.

 

« Gran Torino » est une merveille ! Malgré la personnalité détestable de Walt Kowalski - il est raciste, égoïste, railleur -, ses voisins apprennent à l’aimer. Il va découvrir une autre culture et se sentir plus proche de ces Coréens, qu’il méprisait tant, que de sa propre famille. On assiste à une acculturation réciproque très intéressante. On pourrait même dire que Clint Eastwood fait l’éloge de la culture coréenne, chaleureuse, conviviale (à l’exception de la Grand-mère!) en dépréciant, par moments, la culture de son propre pays. Après le décès de sa femme, Walt, qui n’a plus personne à aimer, va tout donner à Thao, ce jeune garçon timide, afin qu’il ne finisse pas comme les autres garçons de son quartier. Ce sera sa rédemption, le moyen de se pardonner à lui-même les horreurs qu’il a commises durant la guerre de Corée. Très émouvant, le film est aussi très drôle. Quiproquos, comique de situation, tout y est, et le personnage de Walt est hilarant de sarcasmes et de cynisme. Et les injures fusent dans la bouche de notre cher Clint Eastwood ! On s’attache vraiment à ce personnage pourtant intolérant, plein de préjugés, grincheux, toujours de mauvaise humeur. Et attention, préparez-vous, car en plus de tout cela : IL GROGNE !

 

L’homme que l’on retrouve dans « Million Dollar Baby » et dans « Gran Torino » semble cependant être destiné à souffrir. Son attachement à l’autre mène systématiquement à un drame. Sa force réside dans sa capacité à contenir ses sentiments et on comprend pourquoi à la fin du film. Au départ, on a plaisir à le voir s’ouvrir peu à peu : il est plus heureux, tout va bien. Et c’est quand on le voit sourire pour la première fois qu’on comprend que sa vie commence à s’améliorer. Mais il ne fait pas les choses à moitié : il ne s’ouvre pas simplement à l’autre, il se dédie à cette personne et lui donne absolument tout. On comprend mieux alors pourquoi il éprouvait le besoin de se protéger, de ne faire attention qu’à lui, de ne pas s’exposer aux autres. Cet homme, au passé sombre et au regard mystérieux, pense pouvoir adoucir sa peine, mais son bonheur est vite écourté…

 

Sarah Rashidian (L2)

 

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