Skip to Content

L'EXPERIENCE DE "LA SUBVERSION DES IMAGES" DEVOILEE AU CENTRE POMPIDOU A PARIS

A travers plus de 400 œuvres, l’exposition recense avec succès jusqu’au 11 janvier 2010 les multiples utilisations de la photographie par les surréalistes au cours du XX e siècle.

 « Forme tes yeux en les fermant » (BRETON-ELUARD). Tel est le ton donné à l’entrée de l’exposition photographique, comme un appel à nous faire repousser les limites de notre imaginaire dans un monde trop ancré dans la banalité du réel. Le titre de l’exposition, « la subversion des images » , prend, en cette introduction au rêve, tout son sens. En effet, comme le dit André Breton lui-même, écrivain et pionnier de ce mouvement, il s’agit d’« exprimer le fonctionnement réel de notre pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, de toute préoccupation psychique ou morale ». On découvre un art déréglé et passionnel, où notre rapport à l’image est actif et personnel.
Né d’une action collective d’artistes tels Ernst, Eluard ou encore Dali, le surréalisme réveille ici notre instinct premier à travers divers supports: qu’il s’agisse de photos argentiques, de photomontages, d’images découpées de magazines érotiques ou de négatifs altérés par le feu, les thèmes de la spontanéité, de l’instantané, de la pulsion visuelle irraisonnée guidant le regard nous plongent dans les tréfonds de notre inconscient, de nos constructions fantasmagoriques.
Sur fond musical des années 20, on parcourt intensément les neuf salles de l’exposition. La scénographie, conçue par Laurence Fontaine, est claire, élégante et ponctuée de miroirs déformants, reflets d’un surréalisme jouant avec nos repères. Chaque espace explore les pratiques du mouvement: on découvre, par exemple, la ville comme terrain de jeux des photographes surréalistes. L’« inquiétante étrangeté » du quotidien prend une dimension mystérieuse et merveilleuse: enseignes, mannequins de vitrine, scènes de vie urbaine constituent des signes épars et à déchiffrer d’un monde poétique moderne.
Une autre salle, consacrée à la vision surréaliste du corps, est particulièrement intéressante: guidé par « la beauté compulsive », Man Ray, peintre et photographe américain, nous propose le célèbre Violon d’Ingres (1924)*, photographie d’une femme d’époque dont les formes s’apparentent à celles d’un violon. La pureté du corps de la femme et l’incorporation d’éléments rappelant l’instrument nous emportent dans un imaginaire doux et harmonieux.
Enfin, on appréciera la projection d’extraits de trésors du surréalisme comme « Un chien andalou » (1929), du réalisateur espagnol Luis Buñuel, mais aussi un extrait particulièrement provoquant et humoristique de « Vormittagsspuk » (1927-28) ,d’Hans Richter, où les chapeaux s’envolent et les pendules s’affolent, signe d’une existence propre des objets inanimés qui nous entourent.
 A la hauteur de « la force des images » défendue par les surréalistes, l’exposition nous emmène dans un univers du rêve passionnant, troublant mais aussi choquant: la projection d’un film à caractère sexuel dérange. Le monde cru est montré tel qu’il est, où les corps ne sont qu’automates d’une pensée libérée de toute contrainte morale. Mais on retiendra surtout un caractère ludique à cette exposition photographique. Pour « changer la vie », les surréalistes commencent par changer la vue et ainsi recherchent perpétuellement l’expérience nouvelle et merveilleuse, tendant souvent vers le comique et le burlesque.
Un voyage initiatique et fantaisiste à entreprendre!

Plus d’informations au 01 44 78 12 33 ou sur http://www.centrepompidou.fr.
Exposition tous les jours sauf le mardi jusqu’au 11/01/10 de 11h à 21h, nocturnes les jeudis jusqu’à 23H. Plein tarif: 12euros, tarif réduit 9euros, gratuit - de 18 ans

* Le Violon d’Ingres  http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-surrealisme/image03.htm

Anne-Sophie Cavagnolo (L1 Humanités)