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Une équipe de France en mal d’amour

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● Je t’aime, moi non plus.

Les médias étaient tous au rendez-vous pour ce match qui opposait la France à l’Argentine  au soir du 11 février 2009. On aurait presque pu se féliciter qu’un match de l’équipe de France de football suscite un tel engouement, que tant de personnes soient intéressées par cet événement, mais... « presque », seulement ! N’allez, en effet, surtout pas penser que les Français sont réconciliés avec leur équipe nationale. Depuis bien longtemps, cette équipe est trop loin de ses supporters, qui à vrai dire ne la supportent plus. Et si le sacre de 1998 en coupe du Monde l’en avait rapproché, le fossé s’est aujourd’hui de nouveau creusé. Alors pourquoi une telle effervescence autour de ce match ? Eh bien tout simplement parce que la France, en recevant l’Argentine, prenait rendez-vous avec le football à l’état pur, avec le beau jeu dans son plus simple appareil et avec la figure qui l’incarne dans le monde entier : le sélectionneur de l’Argentine, Diego Armando Maradona. Quelles sont donc les causes de la rupture entre l’équipe de France et son public ? Quelles sont les raisons de ce désamour  et pourquoi ce soir de février 2009, à Marseille, y a t-il eu autant de supporters de l’Argentine que de supporters de l’équipe de France ? Pourquoi les joueurs français et leur entraîneur ont-ils été sifflés, tandis que l’Argentine était applaudie ?

● Le temps des souvenirs.\r\n

Je me souviens de cette douce soirée de juillet 1998, de ce moment de bonheur que l’équipe de France a offert à tous les Français. Je me souviens de cette effervescence sur les Champs-Élysée, de cette communion entre les Français, formant une nation retrouvée autour d’un événement inédit et sensationnel. Ce soir là, l’équipe de France affrontait au stade de France le Brésil, équipe alors considérée comme la meilleure du monde. L’enjeu était de taille pour les Français : le premier sacre mondial de leur histoire, dans leur stade,  et devant leur public. Un doublé de l’emblématique Zinédine Zidane, puis un but d’Emmanuel Petit vinrent sceller, à 3-0, une victoire sans partage, qui engendra un mouvement de liesse, d’allégresse et de ferveur ; le temps d’un instant, les Français purent oublier leurs soucis quotidiens, et se sentir fiers de « leur » équipe, fiers d’être français. Cela, c’est le football et le beau jeu ; et c’est une équipe de France dont des joueurs attachants proposaient un jeu alléchant qui l’a permis. Deux ans plus tard, la France remportait le championnat d’Europe, grâce au but en or de David Trezeguet et la magie continuait d’opérer.

● Une  flamme ardente qui n’aura été qu’un feu de paille.\r\n

Mais bientôt, tout allait disparaître : la flamme ardente qui brûlait dans le cœur des supporters allait s’éteindre à petit feu. La relation entre la France et son équipe commença ainsi à se détériorer dès la coupe du monde de 2002, où la France fut éliminée dès le premier tour, sans remporter un seul match. C’était le début de la fin d’une histoire et rien, depuis, n’a réellement permis de retrouver l’engouement, la passion qui s’exerçaient autour de l’équipe nationale quatre années plus tôt. Lors du championnat d’Europe de 2004, les Français furent lamentablement éliminés en quart de finale par la Grèce, bien triste équipe dont la victoire finale dans le tournoi fut un moment malheureux pour le football, où le beau jeu, le jeu créatif et offensif, n’avait plus sa place. La défaite fut amère et la rupture, consommée. L’équipe de France tenta malgré tout de se relever lors de la coupe du monde de 2006, dans un sursaut d’orgueil de ceux qui se souvenaient encore de ce que qu’elle fut huit ans plus tôt - Zidane, Viera, Sagnol ou autres Makélélé. Mais l’échec en finale face à l’Italie, la fin de carrière prématurée de Zinedine Zidane (expulsé après un coup de tête sur Marco Materazzi) et le penalty manqué de Trezeguet enfoncèrent le couteau dans la plaie. Maintes défaites et une crise économique mondiale plus tard, les Français n’ont plus le cœur à soutenir l’équipe de France de football. Celle-ci est aujourd’hui boudée et son sélectionneur, Raymond Domenech, conspué.

● Les causes de la rupture.\r\n

La honteuse déconvenue à l’Euro 2008 n’arrangeant rien et les nombreuses frasques de Raymond Domenech devenant insupportables, la rancune commença à s’installer. Certains n’oublieront pas les erreurs incompréhensibles dans les choix tactiques du sélectionneur, lors du match décisif de l’Euro contre l’Italie  : mené 1-0 et ayant subi une expulsion, l’entraîneur remplace Samir Nasri, tout juste entré en jeu pour pallier la blessure de Frank Ribery, par Jean Alain Boumsong, un défenseur, et ce, alors qu’il était nécessaire de s’imposer pour obtenir la qualification en phase finale ; d’autres n’oublieront pas qu’à l’issue de ce match qui voyait l’élimination de la France du championnat d’Europe 2008, Raymond Domenech n’a rien trouvé de mieux à faire, dans sa déclaration d’après match, que de demander en mariage sa compagne dans la vie, celle qui était alors présentatrice de "100 pour 100 foot", Estelle Denis. Ce n’était sans doute pas l''explication qu’attendaient les milliers de supporters qui s’étaient ruinés pour assister au match en Suisse, les milliers de déçus qui ont vu l’équipe de France une nouvelle fois éliminée avant même le début des choses sérieuses. Aujourd’hui, la rancune est profonde  et personne n’y croit plus.

● La fin d’une histoire et tout à reconstruire ?

En cette soirée du 11 février 2009, c’est donc l’équipe d’Argentine que le public marseillais, connaisseur et passionné, venait voir jouer ; ce sont les dribbles de Lionel Messi que tout le monde venait admirer ; c’est Maradona que l’on était heureux de voir "en vrai" pour la première fois. On ne venait en fait ni pour « les bleus » ni pour Raymond Domenech. Ce match faisait figure de dernière chance pour l’équipe de France ; malheureusement, le talent éclatant et la rigueur tactique des joueurs argentins, menés par un coach hors du commun, rendirent encore plus ridicule le pauvre jeu proposé. Alors, est-ce la fin d’une histoire ? Peut être, même si on peut penser que l’amour du maillot bleu reviendra avec les résultats. Mais les résultats viendront-ils ? Si rien ne change, si la France garde un sélectionneur qui n’a aucun projet de jeu et multiplie les incohérences, si les joueurs eux-mêmes n''y croient plus, comment ne pas en douter ? Alors pour le moment, contentons-nous d’admirer ce qui se fait ailleurs, en espérant que cela serve de leçon,  et de constater la baisse d’audience de l’équipe de France de football face à des sports qui, eux, réussissent, comme le handball, où les Français, champions olympiques et champions du monde en titre, bénéficient en France d’un public de plus en plus large. Il va sans dire qu''il y a beaucoup de choses à revoir dans le petit monde du football français, un monde enclavé qui devrait se résoudre à ouvrir les yeux, pour enfin s’apercevoir qu’il prend du retard.

Mathieu HEMONO (L2)

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