De l’homme au peintre, de l’esquisse au chef-d’œuvre, le visiteur au fur et à mesure des étages poursuit l’œuvre de toute une vie d’où émane le génie.

 

Hôtel particulier : 14, rue de la Rochefoucauld, Paris, neuvième. La façade est sobre, immaculée ; seul le drapeau tricolore et la plaque métallique « Musée national Gustave Moreau » distinguent l’immeuble des autres. Rien ne suggère le monde merveilleux qui se cache derrière ce mur.

Le premier étage s’ouvre sur les appartements du peintre.

Œdipe et le sphinx : esquisse, profils grecs, rehauts de blanc en gouache, quadrillage pour les proportions ; ils gardent la porte du cabinet de réception. Au centre, un secrétaire, deux banquettes et des fauteuils qui, on l’imagine, accueillaient ses amis comme George Rouault. Sur les murs sont suspendues ses études de maîtres italiens : Titien, Van Dyck, Véronèse et Vélasquez.

Un couloir. En vitrine, son épée d’académicien des Beaux-Arts ainsi que ses nombreuses médailles, Décoration d’officier de la légion d’honneur notamment, impressionnent.

Une porte close : les toilettes de l’époque, avec chaine et réservoir d’eau, reposant sur la moulure d’une femme à la tête féline.

Dans la salle à manger ont été réunies des études au crayon, celles de Jason et de Médée, d’Œdipe et le sphinx, du Jeune homme et la mort, ainsi que des reproductions d’après Gustave Moreau. G-A Manchon étudia La Chimère, tandis que Félix Bracquemond s’initia au style du Maître avec Le Roi David.

Le couloir aboutit à la chambre à coucher, l’ancien salon de sa mère où il décéda en avril 1898. La décoration est restée intacte, de même que les photographies et portraits tapissant les murs. La pièce ressemble à un cabinet des curiosités, surchargé en souvenirs familiaux: un lit court au pied duquel fut installée une table d’échec, une console, deux secrétaires juxtaposés, des montres à gousset, des médaillons, un face à face lithographique entre l’artiste et sa mère, les portraits et bustes de sa sœur, Camille Moreau, morte à l’âge de quatorze ans, son père, Louis Moreau.

La dernière pièce, le boudoir, fut dédiée à la mémoire d’Alexandrine Dureux, sa seule véritable amie et femme aimée. Elle rassemble des aquarelles que Gustave Moreau lui avait offertes, des objets en provenance de Chine et une partie de son mobilier.

 

Gustave Moreau expose peu durant sa vie et refuse certaines commandes. Sa reconnaissance établie, il se consacre à la création de deux cents œuvres qu’il destine à un musée encore idéal : son propre musée. Se sachant mourant, il transforme ses ateliers en salle d’exposition et, dans son testament, confie à Henri Rupp, son confident, la réalisation du projet.

 

A l’étage supérieur, sont entreposées les toiles inachevées.

Toutes larges et hautes de plusieurs mètres représentent une scène mythologique, historique ou/et biblique. Les prétendants innove dans sa décentralisation de Minerve, un halot de lumière au dessus de la tête, identique à la Vierge. A ses pieds, un poète danse, appuyé sur sa lyre, au milieu du massacre. Moïse, en vue de la terre promise, ôte ses sandales évoque un passage trivial de la Bible. Le corps de Moïse est las, lâche, son bras gauche pend lamentablement, pourtant son visage est blanc, statufié, à la beauté grecque ; deux cornes de lumières émanent de son crâne. Le traitement de la lumière n’est pas naturel. Le blanc symbolise soit la mort, soit l’innocence, ou montre la toile dénudée. Le trait peut être flou ou précis, les couleurs éclatantes ou d’une grande pâleur. 

Au centre de la salle une vitrine présente des sculptures en cire. Le Maître collectionne les moulages d’œuvres célèbres de Michel-Ange ou de Nicolas Poussin, les reproduit et s’en inspire.

Des volets de dessins préparatoires ont également été mis à disposition, environ mille copies, davantage destinées davantage aux artistes en herbe qu’aux touristes.

 

Le dernier niveau que le visiteur atteint par un magnifique escalier en colimaçon recueille toutes les œuvres terminées et non vendues, les chefs-d’œuvre. Le style est différent, la peinture uniquement à l’huile. La débauche et Galathée sont formées d’une couche de peinture épaisse où s’exprime la violence du pinceau. L’obscurité contraste avec la blancheur des toiles inachevées. Léda, après plusieurs tentatives du peintre, est enfin représentée, sur plusieurs toiles. Le cadre doré sur polyptique en six panneaux de La Vie de l’Humanité fait face à Prométhée, Jason et à Orphée sur la tombe d’Eurydice presque impressionniste.

 

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