C’est le dernier, et comme toujours, c’est le meilleur ! Avec La République des Meteors, Indochine signe son onzième album studio. Un album attendu au tournant, non seulement par les derniers-nés des fans, ceux de la période Paradize, mais aussi par ceux qui suivent le groupe de pop rock français depuis près de trente ans. Car Indochine, c’est un “vieux” groupe. Un groupe aux débuts underground, né en 1981 ; un groupe qui, malgré un intérêt aléatoire, déchaîne toujours autant les passions.
 
Même sans le savoir, les adolescents d’aujourd’hui connaissent Indochine, ne serait-ce que grâce à L’Aventurier, ce tube devenu planétaire et finalement indémodable. Et si le succès n’a pas toujours suivi, notamment dans les années 1990, Indochine a su traverser les décennies avec une ligne de conduite artistique exemplaire. S’inspirant du rockabilly américain (L’Aventurier), de la new-wave (Le Péril Jaune), de la pop synthétique de The Cure (7 000 Danses), du rock plus traditionnel (Un Jour dans Notre Vie), de la pop psychédélique (Wax), du rock gothique (Dancetaria), ou du son métallique du rock industriel (Paradize), la bande de Nicola Sirkis a assuré une publication de disques régulière, habituellement parachevée par une tournée affichant complet partout, quoi qu’il advienne.
Avec La République des Meteors, Indochine étonne et ravit une fois de plus son public. Ce nouvel opus rassemble seize titres, autour d’un thème, la guerre et tout ce qu'elle entraîne comme vécu, ressenti et déchirures, et fait appel à de nouveaux instruments, bandonéon, ukulélé, glockenspiel… Après Republika Meteor Ouverture, un premier morceau un peu long mais qui a le mérite de nous mettre dans l’ambiance, le moment de vérité arrive. Go, Rimbaud Go! démarre fort : la batterie y est percutante, on l’imagine d’ailleurs déjà très bien mettre le feu en concert, et on retrouve le rythme et les paroles qui caractérisent Indochine. Suit Junior Song, avec son glockenspiel et sa fanfare dissonante. C’est un hymne à l’amour et à la vie, sur fond d’adolescence, thème cher au groupe. Little Dolls est le premier single, qui est passé en boucle à la radio et sur lequel il ne vaut pas la peine de s’attarder, car il ne présente rien de nouveau par rapport à l’album précédent Alice & June. Il faut attendre le prochain titre pour que l’album décolle véritablement et que l’on change de registre. Le Grand Soir surprend, avec bandonéon et ukulélé, tandis qu'Un Ange à Ma Table propose un duo toride entre Nicola Sirkis et Suzanne Combo, chanteuse et guitariste du groupe Pravda. Puis c’est un coup de cœur pour La Lettre de Métal,dans laquelle alternent douceur et violence. La voix s’y envole, elle nous fait frissonner, nous émeut ; le texte y fait directement référence à la guerre, il nous donne la larme à l’œil. En faisant la part belle au piano, Le Lac nous étonne. Il est l’œuvre de Mr Matu, le dernier arrivé des musiciens. Le neuvième morceau, Republika, dont l’album tire son titre, était annoncé comme “le morceau ouvertement politique de l’album”, avec ces paroles : « …comme on est si fier de rien, on sera républicain de loin… ». Sauf que le son, très fort, couvre le texte et en gâche partiellement la compréhension, donc la portée. Heureusement, on savoure ensuite Play Boy, dont la petite touche électro, vraie nouveauté pour Indochine, en fait une des meilleures parties de l’ensemble. Elle est suivie de L World, Je t’Aime Tant et Bye Bye Valentine. Rien de particulier pour le premier, si ce n'est que les fans de la série télévisée américaine y trouveront peut-être leur compte, ni pour le deuxième, qui est en fait une reprise d’Elli et Jacno (groupe français des années 1980), interprétée ici en trio avec Suzanne Combo et Gwen Blast (bassiste de Madinka). Quant au troisième, ses paroles (« …que toi au berceau blanc, ton père aussi souvent, tu vas tu manqueras… ») nous laissent penser qu’il est dédié à la petite fille du chanteur. Et le meilleur arrive avec Les Aubes sont Mortes, un véritable bijou définitivement électro dans lequel on apprécie autant la musique que les paroles. Celles-ci sont signées Chloé Delaume, grande fan du groupe et auteure du livre La dernière fille avant la guerre (fiction déclinant des rapports littérature/rock), qui réalise ainsi son vieux rêve d’écrire pour Indochine. Dans la continuité, Union War raconte l’histoire d’un soldat partant à la guerre « …la fleur au fusil… », une référence poétique et linguistique (quelques mots en anglais) à la guerre de 1914-1918. L’album s’achève enfin, ou déjà, par Le Dernier Jour, comme un dernier hommage aux combattants.
Ainsi La République des Meteors donne-t-elle l’impression que Nicola Sirkis s’est beaucoup investi pour revenir à un univers qu’il avait laissé de côté depuis quelques albums. Il y a tout d’abord la pochette. Il s’agit d’un patchwork réalisé par la graphiste et photographe Peggy M., de son vrai nom Peggy Moulaire, où sont représentés des soldats partant à la guerre, ainsi que des personnalités aussi diverses que Guillaume Apollinaire, David Bowie, Patti Smith, Sid Vicious, Mao ou encore Staline. Elle annonce d’emblée le thème général de l’album, la guerre, et les sonorités qui l’accompagnent, bruits de sirènes ou extraits de discours politiques particulièrement évocateurs. Tout comme cette pochette, l’album est parsemé de clins d’œil : un riff de guitare évoque Bloc Party (groupe de rock anglais), un carillon, Arcade Fire (formation canadienne), un rythme, les Rita Mitsouko.
 
Avec La République des Meteors, Indochine revient, se renouvelle et se surpasse… À écouter en boucle et sans modération !
 
Sarah RINGEVAL

 

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