Comme tous les 19 du mois depuis bientôt deux ans, le festival les Uns chez les autres organisait ce jeudi un rendez-vous artistique ouvert à tous, dans le 19e arrondissement, à Paris. Une vision insolite de l'amour à l'hôtel, un soir de mai.

 

 

La 27e édition des Uns chez les autres se déroulait jeudi 19 mai, à partir de 18h, à l'hôtel Canal, dans le 19e arrondissement de Paris. Une manifestation ouverte à tous (sauf aux enfants).

Le principe du festival? Des propositions artistiques dans un lieu privé ou public, parfois incongru (une friche, une boucherie, un appartement, un hôtel...) et un mot clé : convivialité. "Le projet s'est construit en réponse à une nécessité : faire valoir la fonction sociale de l'art, sans le réduire à un divertissement" explique Julie Navarro, l'initiatrice du festival, adjointe à la culture de la mairie du 19e.  Ce mois-ci, dix artistes, sélectionnés par un appel à projet international, ont proposé des vidéos sur le thème de l'amour à l'hôtel. Le festival s'est appuyé sur la complicité de l'association Vidéoformes, dédiée à l'art vidéo et aux cultures numériques. 

 

Le terrain était glissant, surtout si l'on en juge par l'écho fortuit de l'actualité, mais la manifestation évite le piège de la facilité. "Ce qui est intéressant, c'est la présentation d'oeuvres qui provoquent un trouble, malgré leur aspect parfois humoristique, ou abstrait, et donc l'interrogation qu'elles provoquent : pourquoi ce trouble? Chacun a une interprétation différente. Tout n'est pas dit, l'artiste joue son rôle: il questionne" analyse Julie Navarro. 

 

Les dix propositions sont très diverses : installations vidéos, court-métrages, films d'animation en pâte à modeler... C'est souvent drôle, parfois poétique, toujours singulier. Chaque oeuvre investit une chambre de l'hôtel Canal, avenue de Flandres. Le public, informé de l'évènement par le bouche à oreille ou via le groupe Facebook dédié, est invité à déambuler de l'une à l'autre. Venu nombreux, il envahit les couloirs et les paliers de l'hôtel devenus exigus.

Les artistes commentent leurs oeuvres. Chambre 002, Lyonel Kouro expose Kama + XHotel: inspiré de sa série Kamasoutra composée de 25 séquences animées en pâte à modeler pour 25 positions du fameux traité sexuel indien. De la chambre d'à côté émanent des vocalises suggestives. S'approchant, le public, mi-déçu mi-amusé, découvre à l'écran un ballet érotique entre un mollusque et un poisson. Il s'agit d'Octopus Love affair, clin d'oeil ironique de l'artiste japonaise Momoko Seto. L'esprit New burlesque n'est pas loin.

Autre chambre, autre registre: le réalisateur Laurent Tabet propose un court-métrage de fiction, huis-clos sombre dans un motel qui flirte avec la claustrophobie. "Je souhaitais montrer que l'amour à l'hôtel allait au-delà d'un '5 à 7', et pouvait éviter la mièvrerie. Mon film relate une tranche de vie, tout simplement."

 

Au-delà des propositions individuelles, la mise en scène in-situ explore les notions "public" et "privé". D'un côté, des lieux d'exposition placent le visiteur dans une situation de voyeur décomplexé, et rendent public le lieu de la privauté et de l'intimité par excellence: la chambre à coucher. De l'autre, des espaces restent dérobés à la vue, occupés par des clients ordinaires. Le visible met en évidence le caché. Que se passe-t-il de l'autre côté du mur? Les dix vidéos du festival Les Uns chez les autres laissent intacte la curiosité amoureuse. Et c'est tant mieux.

 

Christelle Granja

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