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Nat-og-Dag, Une nouvelle déclinaison du conte gothique.

Daniel est jeune garçon de onze ans au corps malingre. Il découvre sa nouvelle maison et sa nouvelle chambre après un énième déménagement et, un soir, lorsqu’il est réveillé par les éclats de voix de la chambre voisine, il croit à une dispute de ses parents. Il ne tardera pourtant pas à faire la rencontre de Régis et Chloé, un couple de jeune gens des plus mystérieux. Figures de son imagination, voleurs, squatteurs, Daniel s’habitue à leur présence. Les premiers soirs, la porte de sa chambre devient le symbole de sa terreur et une protection bienvenue contre le couple. « Il passait de longues heures à fixer du regard cette grande séparation de bois et, au plus profond de la nuit, il percevait les murmures, indicibles voix venues d’outre-tombe. »

 

Inspiré par les romans gothiques et plus particulièrement par Le Château d’Otrante, Julien Demeuse signe ici son premier roman, Nat-og-Dag. Cet ingénieur agronome de formation réutilise les codes du roman gothiques et le symbole des vieilles demeures en particulier, et les réemploie dans un cadre volontairement moderne. Il insère de cette manière le thème de la peur enfantine, du monstre dans le placard. Régis et Chloé incarnent ces figures de croquemitaines qu’il imagine chaque nuit. Les personnages des parents de Daniel sont à la marge du récit, à peine désignés par leur fonction : le Père et la Mère. Le titre de l’œuvre, trois mots danois signifiant « nuit et jour »,  reflète d’ailleurs bien cette ambivalence entre monde diurne et univers nocturne.

« Le troisième jour, il tenta de se confier à sa Mère. Occupée à presser une orange, elle ne l’écoutait que d’une oreille distraite, entonnant les paroles de la chanson des Bee Gees qui passait à la radio. Daniel l’appela une seconde fois. Elle ne l’entendit même pas, et l’enfant se repencha sur son bol de céréales. »

Les relations avec ses parents sont ainsi passées rapidement sous silence, de même que ses journées de cours. L’enfant se renferme davantage sur lui-même et se lie presque d’amitié avec Régis et Chloé, couple étrange détenteur d’un sombre secret.

 

Une déception, néanmoins. L’auteur maîtrise ses descriptions mais le personnage principal demeure la faiblesse de ce roman car, bien qu’il soit le premier spectateur de l’étrangeté de la demeure, il est passif. De cette manière les principaux rôles sont davantage tenus par Régis et Chloé. L’autre défaut du roman tient à sa structure même car, bien avant la chute du récit, le lecteur se doute de la nature de ces personnages et de la raison de leur présence dans la maison de Daniel.

 

L’œuvre de M. Demeuse n’est pas sans rappeler les prémisses de l’horreur par l’indicible comme chez Henry James avec Le Tour d’Écrou ou les œuvres de H. P. Lovecraft. La figure de l’altérité redevient ici la filleule de la plus puissante œuvre de monstruosité : l’imagination.

 

Nat-og-Dag, Julien Demeuse, Éditions Denoël, 256 pages, 16€.

 

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