Créer une œuvre d'art en utilisant des éléments de géographie, telle est l'ambition de l'exposition Nous ne notons pas les fleurs, dit le géographe proposée par Bétonsalon. Ce site de présentation et de recherche artistique est bien connu pour l'interdisciplinarité de ses projets. L'intitulé littéraire de l'événement témoigne d'une volonté de lier des domaines variés. Cette citation est extraite du Petit Prince de Saint-Exupery. Dans le chapitre cinq, le petit prince voit un vieil homme avec un livre : le géographe. Son rôle est de consigner toutes les choses du monde, mais il refuse de noter la Fleur, celle-ci n'étant pas fixe, éternelle.
Le projet est né à l'initiative de deux jeunes commissaires. Julia Kläring est Autrichienne et Virginie Bobin revient d'un voyage à New-York, les deux ont des points de vue divers, ce qui donne à cette exposition une dimension variée et internationale. Dans le cadre de leurs recherches sur le lien entre document et performance, elles ont proposé des créations artistiques souvent préexistantes pour les présenter à Bétonsalon. Nous ne notons pas les fleurs, dit le géographe prend donc pour support aussi bien la vidéo, le son, que la photo ou le texte. On note un bruit de fond très particulier avec le cliquetis des diapositives ou encore le son des vidéos qui envahit la pièce : une grande importance est accordée aux sens du public.
Lorsque l'on pénètre dans les lieux, on trouve un espace dénudé avec des œuvres très discrètes, monochromes, ce qui fait penser instantanément au désert, le leitmotiv de l'exposition. La première réalisation qui frappe est une structure en fils de laine de Michaël Höpfner : Outpost of progress . Elle fait référence aux tentes nomades éphémères qu'il croise lors de ses marches à travers les déserts. Il accompagne sa création de documents évoquant les enjeux géopolitiques qui dépassent les nomades. Ainsi, cette exposition questionne la manière dont l'homme perçoit le monde. Elle évoque également des villes construites ex-nihilo, montre des lieux peu connus dont il n'existe pas de cartes, pas de repères, comme l’Arctique ou encore les endroits tenus secrets, les camps militaires. Les artistes abordent aussi le thème des paysages urbains abandonnés, témoins de l'échec des tentatives de planifier, contrôler et organiser l’espace, ainsi que l'idée de rendre ces lieux fertiles.
Ils aiment lier recherches scientifiques et anecdotes, réalité et fiction, et considèrent notamment les espaces délaissés par l'homme comme de potentiels générateurs de poésie.
Des projections de films font partie du projet, ce sont des œuvres à part entière. Ainsi Crude Oil de Wang Bing, un documentaire de quatorze heures, qui suit en temps réel la journée d’ouvriers chinois extrayant du pétrole dans le désert de Gobi, ou encore les films du collectif Silo, lequel souhaite établir un lien entre l'art contemporain et le cinéma.
Nous ne notons pas les fleurs, dit le géographe n'est pas facile d'accès, la compréhension des œuvres n'est pas immédiate et nécessite une réflexion approfondie. Cela fait suite à l'exigence de qualité du lieu. Mais ne vous inquiétez pas, Bétonsalon est conçu pour l'accueil individualisé des personnes, et on se fera un plaisir de vous expliquer les différentes productions artistiques. Très bonne et réelle initiation à l'art et à ces enjeux.


Janine Manguin

Exposition jusqu'au 16 janvier 2011 à Bétonsalon : 9 esplanade Vidal-Naquet, 75013 Paris.
avec Lara Almarcegui, Louidgi Beltrame, Ursula Biemann, Julien Blanpied, Wang Bing, Tacita Dean, Ellie Ga, Michael Höpfner, Ruth Kaaserer, Yves Mettler, Trevor Paglen, Carson Salter, le Silo, Triple Canopy and et León Cerrillo.
Accès métro 14 Bibliothèque François Mitterand.


 


 

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