Ah ! Le flamenco, ses castagnettes et ses robes à froufrous !
Aller voir un spectacle d’Israel Galván, c’est définitivement remiser ces images d’Épinal dans le placard du suranné. Ce fils de danseurs sévillans est, depuis plus de dix ans, salué par la critique et connu dans le monde entier comme un véritable révolutionnaire dans la conception des spectacles de flamenco. Sans rompre avec une tradition qu’il côtoie depuis son enfance, il lui offre une nouvelle vie, une seconde jeunesse, un nouvel âge d’or.

Ainsi, dans La Edad de Oro, spectacle créé en 2005 à Madrid, trois hommes en noir sur une scène dépouillée nous fascinent : les plaintes déchirantes poussées par la voix rauque de David Lagos et les rythmes ensorcelants de la guitare de son frère Alfredo accompagnent, soulignent, se confrontent à la danse d’Israel Galván. Une danse que l’on peut presque qualifier de transe, tant celui que l’on nomme le Nijinski du flamenco semble possédé par sa passion, par le désir de lui donner corps, par cette obsession de la livrer, incandescente, au public.
 
Pour autant, il ne s’agit pas ici de s’imaginer une quelconque perte de contrôle : Galván maîtrise le moindre de ses mouvements, tourne sur lui-même sans jamais vaciller, tandis que le spectateur retient son souffle comme devant un funambule ; pas un muscle de son corps qui ne lui obéisse. Et c’est probablement ce qu’il y a de plus troublant dans cette heure et demie de spectacle : comment est-il possible de dégager tant de sensualité et d’émotion au sein même du carcan d’un art très codifié ?
Pas de doute, Israel Galván est un virtuose, et il sait faire vibrer la corde sensible.
 
Mais il sait aussi faire rire. Parce que, loin de se prendre au sérieux, la compagnie joue avec les codes et les attentes du public : l’introduction de gestes inattendus prête à sourire et à dialoguer avec les trois hommes. Un dialogue assez difficile à obtenir du public parisien, loin de l’enthousiasme de spectateurs au sang plus chaud… Malgré tout, ce public (trop) sérieux n’est pas avare quand il s’agit de montrer sa reconnaissance : ovation et applaudissements prolongés saluent une performance qui le mérite.
 
La Edad de Oro n’est donc pas un spectacle réservé aux aficionados du flamenco ; il s’adresse à tous ceux qui veulent faire l’expérience d’un art bel et bien vivace et capable de nous parler au présent. Galván fait résonner en nous l’écho de la danse de ses ancêtres en même temps que ses claquements de talons, ou taconeados… Olé !


La Edad de Oro, Compagnie Israel Galván. Chant: David Lagos. Danse: Israel Galván. Guitare: Alfredo Lagos.
14 et 15 janvier 2011 au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines, 78500 Sartrouville.
Tournée du spectacle en France jusqu'en avril 2011.

Marine Badetz

 
 


La Edad de Oro, le 20 avril 2011 au Théâtre du Crochetan, CH-1870 Monthey, Suisse. 

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