Vienne et son traditionnel Concert du Nouvel An

Vienne. Nombre de clichés et de références se bousculent à la seule évocation de cette ville : les viennoiseries (le croissant), le café viennois ou le « Schnitzel » pour les gourmands, Sissi pour les admirateurs de Romy Schneider ; Freud, Schnitzler, Stefan Zweig et Hofmannsthal pour les littéraires ; Klimt, Schiele pour les peintres. Vienne ou la capitale des Arts. La danse – la valse – et surtout la musique y occupent une place primordiale. Symbole de cette culture et de son histoire : l’Orchestre Philharmonique de Vienne. Chaque 1^er janvier, depuis 72 ans maintenant, cet ensemble interprète des monuments de la culture musicale autrichienne : les plus grandes oeuvres des compositeurs viennois sont jouées dans la Goldener Saal – la salle dorée – du Musikverein.

Ce rituel unique au monde se perpétue depuis 1939. Il débute tous les ans à 11h15 et des milliers de téléspectateurs le suivent régulièrement. Au programme, principalement, des œuvres (valses, galops, polkas) de la famille Strauss, puisque le concert leur était initialement dédié : Johann père, Johann fils et également cette année une polka mazurka de Josef et un quadrille d’Eduard. Tradition oblige, les musiciens achèvent leur prestation par trois bis : une polka rapide, puis Le Beau Danube bleu de Johann Strauss fils lors duquel l’orchestre s’interrompt pour présenter, en allemand, ses vœux. Et c’est avec la célèbre Marche de Radeztky de Johann Strauss père, et sur les applaudissements rythmés des spectateurs (dirigés par le chef d’orchestre), que se clôt le concert. 

L'une des spécificités du Wiener Philharmoniker réside dans son autogestion : les musiciens eux-mêmes choisissent, chaque année, le programme des œuvres et un chef. Pour la deuxième fois dans sa carrière – à 85 ans –, Georges Prêtre a dirigé ce prestigieux orchestre. Le privilège est unique : deux ans auparavant, il avait été le premier Français à recevoir cet honneur. Petit clin d’œil au répertoire français, par ailleurs, avec l’ouverture des Fées du Rhin de Jacques Offenbach. 

Qui n’a jamais rêvé, un 1^er janvier, d’être assis dans un des fauteuils de la Grande Salle dorée et de contempler, avec béatitude, ce fabuleux orchestre ? Mais les places sont chères… tant par le prix, certaines atteignent les 940 euros, que par la sélection : un tirage au sort est effectué parmi les milliers de personnes qui se sont inscrites un an à l’avance (entre le 2 et le 23 janvier). Pour obtenir l’un de ces précieux billets, cela relève du hasard ou… de la chance. À défaut d’y être physiquement, on peut s’offrir ce même spectacle en le regardant à la télévision ou en l’écoutant à la radio. Retransmis dans plus de 70 pays, le Concert du Nouvel An attire, chaque année, un milliard de téléspectateurs.

Parallèlement aux vues sur l’orchestre, la retransmission télévisée propose, selon les œuvres, des séquences d’images sur des monuments autrichiens ou sur des danseurs. Invités pour la première fois, deux danseurs de l’Opéra de Paris, le Français Nicolas Le Riche, danseur étoile, et l'Italienne Eleonora Abbagnato, première danseuse, se sont prêtés à un magnifique duo sur la Polka Mazur Ein Herz, ein Sinn. Plusieurs danseurs du Ballet de Vienne ont également valsés sur une composition de Johann Strauss fils.

Mais dès les premiers frémissements du Beau Danube bleu, tous les amoureux de la valse attendent de voir évoluer sur le parquet un couple de danseurs. Ô surprise ! La mélodie a suivi les méandres du Danube, depuis sa source, en Allemagne, jusqu’à son delta, en Roumanie : par de remarquables prises de vue, les téléspectateurs ont découvert le cheminement du fleuve et de somptueux paysages. Que nous réserve l’édition de 2011 ? Seul le chef d’orchestre est à ce jour connu : Franz Welser-Möst, un Autrichien.

Le mois de janvier touche déjà à sa fin, mais il est encore temps de présenter ses voeux. Bonne année 2010 à toutes et à tous !

Aurore Bachelet