À l'heure où l'on dénonce l'omniprésence des images dans nos vies, la Galerie Escougnou-Cetraro met celles-ci au centre de l'exposition Au-delà de l'image (II). Pour le deuxième volet de cette exposition, l'image devient outil, point de départ d'une hybridation. La galerie nous invite ainsi à une réflexion sur la place de l'image de nos vies.


Samedi, nous avons assisté pour vous à un débat organisé autour de l'exposition sur le thème " Ce que les artistes font aux images ".

Une installation a particulièrement retenu notre attention : Skinny Dip Unsensory de Laura Gozlan. Cette oeuvre est la projection d'une bande vidéo montée à partir de trois films empruntés au cinéma de genre. Les images sont alors projetées sur trois murs et diffractées par différents prismes : verres, parois en cire moulée dans lesquelles sont incrustés des écrans à cristaux liquides, lentilles. La vidéo est ainsi éclatée sur plusieurs plans, brouillant les repères de visionnage.
À la frontière entre la vidéo et la sculpture, cette installation visuelle pose question sur " ce que les images font aux Hommes ". Selon l'artiste, l'Homme cherche un remède dans les images. Il s'agirait de pallier le manque de fiction de la vie réelle. Nous serions enfermés dans une quête constante de sensations, de l'affect imaginaire, à tel point que l'image deviendrait une drogue. C'est ce que symbolise la diffraction de la vidéo. Il s'agit là de la représentation du démembrement des êtres. L'Homme s'éclate pour essayer de capter toutes les images qui sont mises à sa disposition. Il regarde partout mais n'obtient que des bribes d'information.
Laura Gozlan fait ici un parallèle avec L'Infinie comédie de David Foster Wallace. Les personnages de ce roman ne vivent plus qu'à travers la télévision, les médicaments, l'ultra-consommation et le culte de l'excellence. Dans ce monde symbolisant un futur proche, L'Infinie comédie est une cassette. Quoi de plus banal ? Mais cette cassette entraîne une addiction mortelle : puisque personne ne peut cesser de la regarder, elle engendre la mort.
Plus qu'elle ne dénonce le bombardement des images, Laura Gozlan nous interroge sur la position de l'Homme qui se plonge volontairement, à corps perdu, dans ces dernières.

Les réflexions des autres artistes de l'exposition sont moins alarmantes. Certains, comme David de Tscharner, vont même jusqu'à considérer l'image comme une source d'espoir, une preuve du passé pour se construire un futur.
Au-delà de l'image (II) est une tentative de se réapproprier les images. Ces dernières étant omniprésentes, les artistes choisissent de retourner la situation et de les posséder, de les manipuler. Ils s'interrogent sur les conditions habituelles de visibilité des images et remettent en perspective les limites de leurs manipulations possibles.

Leïla Izrar et Noémie Soyez

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