Depuis un peu moins de dix ans, le cinéma français s'offre un nouveau vent de fraîcheur : de nouvelles têtes à l'écran, mais aussi derrière la caméra. Un constat : les réalisatrices ont la part belle. Saluées par le public et la critique, elles s'imposent dans le paysage audiovisuel actuel en proposant un cinéma fort et profondément humain. Panorama de six réalisatrices.


Emmanuelle Bercot

Pour cette actrice et réalisatrice, 2015 a été son année. Elle ouvre la 68e édition du festival de Cannes avec son film La Tête haute et le clôture en repartant avec le prix d'interprétation pour Mon Roi de Maïwenn. Elle est actuellement à l'affiche avec son dernier film en tant que réalisatrice, La fille de Brest.

Filmographie sélective :

2012 : Polisse
Actrice et scénariste pour l'occasion, elle est nommée pour le prix du Meilleur scénario aux Césars 2012.
2015 : La Tête haute
Film d'ouverture au festival de Cannes 2011, il est nommé six fois aux Césars 2016 : Benoît Magimel est sacré Meilleur acteur dans un second rôle et Rod Paradot est LA révélation de cette édition en repartant avec le César du Meilleur jeune espoir masculin.
2016 : La fille de Brest
Biopic sur Irène Frachon, la pneumologue ayant rendu public le scandale du Mediator, ce film est l'occasion de retravailler avec Benoît Magimel.


Valérie Donzelli

Acolyte de Jérémie Elkaïm, ils écrivent ensemble des films au ton souvent décalé, mais seulement pour mieux souligner les absurdités du genre humain. Coup de maître avec La Guerre est déclarée, son deuxième film, elle crée la sensation à l'ouverture de la Semaine international de la Critique au festival de Cannes 2011.

Filmographie sélective :

2011 : La Guerre est déclarée
Film d'ouverture de la 50e édition de la Semaine international de la Critique à Cannes, Valérie Donzelli est choisie pour représenter la France aux Oscars 2012. Six fois nommé aux Césars 2012 (Meilleur film français de l'année, Meilleur réalisateur, Meilleur actrice, Meilleur son, Meilleur montage, Meilleur scénario original), l'équipe du film repart pourtant bredouille.
2015 : Marguerite & Julien
Pour son premier film en costumes, Valérie Donzelli est en compétition officielle au festival de Cannes 2015, notamment pour le Grand Prix et le Prix du Jury


Mia Hansen-Løve

Tout commence à Cannes en 2007 avec Tout est pardonné. Depuis, chacun de ses films (ou presque) est primé dans les plus grands festivals du monde. Paradoxalement, Eden, seul film non primé, est le plus plébiscité par le public. Aux yeux de tous, elle s'impose au fil des ans discrètement, mais sûrement.

Filmographie sélective :

2009 : Le père de mes enfants
Une des grandes sensations du festival de Cannes 2009, elle repart avec le Prix spécial dans la compétition Un Certain Regard.
2011 : Un amour de jeunesse
Premier film distribué à l'international avec succès, elle reçoit la Mention spéciale de la compétition internationale du festival de Locarno 2011.
2016 : L'Avenir
Ours d'argent du meilleur réalisateur à la Berlinale 2016, festival qui n'a pas récompensé de réalisatrice depuis 2009. Elle succède à Claudia Llosa (Ours d'or 2009) et Maren Ade (Ours d'argent). 


Maïwenn (Le Besco)

Maïwenn Le Besco l'actrice fait place à Maïwenn la réalisatrice en 2006 avec Pardonnez-moi. Elle arrive comme un coup de tonnerre, et ça fait du bien. La consécration arrive avec Polisse en 2011. Quatre ans plus tard, elle confirme avec Mon Roi sa place comme figure majeure du cinéma français actuel.

Filmographie sélective :

2006 : Pardonnez-moi
Film coup de poing pour exorciser ses démons, Maïwenn est doublement nommée aux César 2007 dans les catégories Meilleur jeune espoir féminin et Meilleure première oeuvre.
2011 :  Polisse
Prix du Jury au festival de Cannes 2011, Césars 2012 (Meilleur jeune espoir féminin, Meilleur montage), Maïwenn se fait officiellement un prénom.
2015 : Mon Roi
Prix d'interprétation féminine au festival de Cannes 2015 pour Emmanuelle Bercot, le film est nommé huit fois aux Césars 2016 (Meilleure musique originale, Meilleur film français de l'année, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur, Meilleure actirce, Meilleur acteur dans un second rôle, Meilleur son, Meilleur montage), mais repart les mains vides.

Katell Quillévéré

Repérée à Cannes en 2010 avec Un poison violent, en seulement trois films, Katell Quillévéré illustre sa volonté de créer un cinéma très humain, héritière peut-être malgré elle du grand Ken Loach. Chacun de ses films est l'occasion d'offrir des rôles forts, à l'image du duo choc Sara Forestier/Adèle Haenel dans Suzanne.

Filmographie sélective :

2010 : Un poison violent
Forte de cinq nominations
au festival de Cannes 2010, dont la très convoitée Caméra d'or, elle reçoit le Prix Jean Vigo. 
2013 : Suzanne
Pour l'occasion, elle écrit parmi les plus beaux rôles de son superbe quatuor (Sara Forestier, Adèle Haenel, François Damiens, Paul Hamy), tous les quatre nommés au Césars 2014 dont Adèle Haenel seule repart avec le prix.
2016 : Réparer les vivants
Actuellement à l'affiche, Katell Quillévéré s'attaque pour la première fois à une adaptation, Réparer les vivants d'après le livre éponyme de Maylis de Kerangal. La force du texte résonne avec ses films précédents, comme si le livre avait été écrit pour elle.


Rebecca Zlotowski

Dans le cinéma de Rebecca Zlotowski, l'image est belle. Cadrage, couleurs, jusqu'au souci du détail pour ajouter le plus qui fera la différence ou la référence (Grand Central / Il était une fois en Anatolie). Un cinéma à la fois singulier et dans la continuité de ceux qui l'ont précédée, elle est la relève en lettres de noblesse.

Filmographie sélective :

2010 : Belle épine
Entrée fracassante dans le cinéma français : la relève est aussi bien devant que derrière la caméra. Au casting du film, on retrouve notamment Léa Seydoux, Anaïs Demoustier, Guillaume Gouix ou encore Johan Libéreau. Le film est nommé pour la Caméra d'Or au festival de Cannes 2010 et offre à Léa Seydoux sa deuxième nomination de Meilleur jeune espoir féminin aux Césars 2011.
2013 : Grand Central
Prix François Chalais au festival de Cannes 2013, Rebecca Zlotowski confirme sa place dans le paysage audiovisuel actuel et offre à Tahar Rahim l'un de ses rôles les plus puissants depuis Un Prophète de Jacques Audiard.
2016 : Planétarium
Actuellement à l'affiche, le film marque le grand retour au cinéma d'Emmanuel Salinger tout en magnifiant une histoire et des personnages éminemment romanesques.