C’est sur une mystérieuse webradio aux allures pirates,
The Network, que Nicolas Jaar a offert en libre écoute l’intégralité de son dernier album. Quatre ans après "Space Is Only Noise", ce jeune compositeur électronique nous fait vivre un voyage cosmique avec "Sirens". Une fois que l’on a cliqué sur Play, impossible d’interrompre, reculer ou avancer les titres. On est lancé dans une écoute au présent, traçant une constellation mélodieuse et nostalgique, testament d’un monde cosmopolite qui mêle musique expérimentale, jazz, rock, rythmes latins ou psychédéliques : un aperçu de l’étendue de sa culture musicale, mais aussi politique et philosophique, avec des références au référendum démocratique chilien de 1988, Kierkegaard ou encore Blake. Mais nul besoin de codes intellectuels pour être transporté par son langage universel.

Les délicates notes du piano couplées à des éclats de verre ouvrent le bal. On entend des grésillements, des interférences, des voix d’hommes, de femmes ou d’enfants, comme autant de signaux, d'époques, de pensées. Chaque morceau est le témoin d’un style, d’une histoire, d’une vie. Le son semble étouffé, comme par le léger bruissement d’un vinyle joué sur un vieux tourne-disque. L’impression d’espionner un monde lointain, éteint, immortalisé par ces enregistrements se couple du sentiment de justesse, de compréhension presque visionnaire d’un état d’esprit moderne.

"Sirens" serait un chant de comète, magnétophone ambulant qui aurait capté les manifestations sonores de notre humanité, un certain ADN sonore réécoutable à l’infini. Du grand Jaart.

Sa sortie officielle est prévue le 14 octobre. Il sera en concert au Trianon à Paris le 11 novembre, mais seuls les plus chanceux auront réussi à obtenir une place, toutes volatilisées en un clin d’œil, sans grande surprise.  

 
 
                                                                Joana